Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique, 1961 et 1964, chez Plon, dans la collection "recherches en sciences humaines" dirigée par Eric de Dampierre, réédité chez Plon, collection Agora en 1964 et aux Editions Les belles Lettres.
"Les études réunies dans cet ouvrage ont été écrites au cours des quinze dernières années (par rapport à la première édition de 1961). Bien qu'elles aient répondu à des demandes occasionnelles, elles m'ont paru éclairer, sous différents angles, un seul et même problème, celui de l'Histoire que nous vivons et que nous nous efforçons de penser.
L'Introduction à la philosophie de l'Histoire ne représentait dans ma pensée qu'un chapitre, le plus formel, de la théorie de la connaissance historique. J'espérais, à l'époque, ajouter à cette introduction d'abord une théorie des sciences sociales, puis une théorie plus concrète des interprétations historiques. - interprétation des époques, des civilisations, de l'humanité en devenir.
Ces écrits de circonstance ne remplissent pas ce vaste programme dont les événements m'ont détourné. Mais ils sont moins formels que le livre de 1938, dont le sous-titre Essai sur les limites de l'objectivité historique exprimait l'intention proprement épistémologique. Ils mettent en lumière les liens entre les problèmes du savoir historique (Historie) et ceux de l'existence dans l'Histoire (Geschichte). Ils essayent de rendre intelligible notre conscience de l'Histoire par référence aux traits majeurs de l'époque présente, comme de mieux comprendre notre époque par référence à nos idées et à nos apirations. En ce sens, j'aurais été enclin à baptiser dialectique la méthode suivie dans ce livre si le mot, revendiqué par des auteurs auxquels appartient au moins un droit de priorité, ne suggérait des prises de positions fort éloignées des miennes."
Raymond Claude Ferdinand Aron, né le 14 mars 1905 à Paris et mort le 17 octobre 1983 à Paris, est un philosophe, sociologue, politologue et journaliste français, défenseur du libéralisme.
D'abord ami et condisciple de Jean-Paul Sartre et Paul Nizan à l'École normale supérieure, il devient lors de la montée des totalitarismes un promoteur ardent du libéralisme, à contre-courant d'un milieu intellectuel pacifiste et de gauche alors dominant.
Pendant trente ans, il est éditorialiste au quotidien Le Figaro. Durant ses dernières années, il travaille à L'Express. Grâce à des compétences et des centres d'intérêt multiples – en économie, sociologie, philosophie, géopolitique – il se distingue et acquiert une grande réputation auprès des intellectuels. Ses convictions libérales et atlantistes lui attirent de nombreuses critiques, venant des partisans de la gauche, comme de ceux de la droite.
Raymond Aron dénonce dans son ouvrage le plus connu, L'Opium des intellectuels, l'aveuglement et la bienveillance des intellectuels à l'égard des régimes communistes. Il garde néanmoins tout au long de sa vie un ton modéré. Il est un commentateur reconnu de Karl Marx, Carl von Clausewitz, Kojève et Sartre.
Il est le père de Dominique Schnapper, sociologue, membre du Conseil constitutionnel de 2001 à 2010.
Plan de l'ouvrage :
Avant-propos
Première partie :
I/ La philosophie de l'Histoire
II/ La notion du sens de l'Histoire
Deuxième partie :
III/ Evidence et inférence
IV/ De l'objet de l'histoire
V/ Thucydide et le récit historique
Troisième partie :
VI/ Nations et Empires
1) La destruction du système européen
2) La formation du système asiatique
3) La désagrégation des empires européens
4) Diversité des nationalismes
5) Cycles historiques et originalité de la conjoncture
VII/ L'aube de l'Histoire universelle
Conclusion :
La responsabilité sociale du philosophe