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Henry James, L'élève (The Pupil) et autres nouvelles (L'image dans le tapis, La bête de la jungle) par Henry James, traduit de l'anglais par Pierre Leyris, Marie Canavaggia et Marc Chadourne, préface de Pierre Leyris, 10/18 "Domaine étranger" dirigé par Jean-Claude Zylberstein "Pendant les premières semaines, lorsqu'ils firent connaissance, Morgan lui avait semblé aussi énigmatique qu'une page écrite dans une langue inconnue - différant du tout au tout des petits Anglo-Saxons prévisibles qui lui avaient donné une fausse image de l'enfance..." En 1891 paraît L'Élève. Henry James explore la relation ambiguë entre un enfant maladif d'une fascinante intelligence, dernier-né d'une famille d'américains déclassés, et son précepteur, irrémédiablement lié à lui par une affection sans mesure. La finesse dans l'analyse des personnages et un sens aigu de la dramatisation font de cette nouvelle, conçue avec la minutie d'une tragédie, un des textes les plus marquants d'Henry James. (source : ombres blanches) Henry James (New York, 15 avril 1843 - Chelsea, 28 février 1916) est un écrivain américain, naturalisé britannique le 26 juillet 1915. "Mon gamin de L'Elève a de la sensibilité en abondance, à ce qu'il me semble, et toutefois n'en conserve pas moins, selon moi, sa forte petite qualité mâle. Mais il y a ici cinquante choses à dire, qui en vérité se ruent sur moi en si épaisses nuées dans les limites étroites qui sont présentement miennes, qu'elles demanderaient un large accueil. Peut-être n'est-ce là que le sentiment rétrospectif de l'assaut livré à mon esprit, comme je m'en souviens parfaitement, par chacun des aspects de la vision originelle qui me frappa précisément par leur multiplicité. Elle est encore vivante à mes yeux, cette vision, telle qu'elle descendit sur moi : bien que l'inimitable palpitation première, le signe ineffable (eût-on dit) fait par l'immédiat battement d'ailes de la forme imaginaire qui venait de se fixer, soit l'un de ces gages de valeur qu'on ne saurait recouvrer. Le signe a été fait au seul voyant - c'est son étrange affaire propre - dont toute communication à autrui, avant qu'il n'y soit impliqué, ne peut avoir qu'un effet de platitude pareil à celui qui accompagne, dans un groupe réuni sous un dais de lumière, toute allusion isolée à une étoile filante. Le miracle, puisque miracle, apparemment, il y a, est exclusivement pour celui qui candidement s'exclame. Le miracle, pour l'auteur de L'élève, en tout cas, se produisit lorsque, voici des années, certain jour d'été, dans un très chaud wagon de chemin de fer italien qui s'arrêtait et musardait partout, favorisant de ce fait la conversation, l'ami avec lequel je le partageais, un docteur en médecine venu d'un pays lointain s'établir à Florence, vint me parler d'une merveilleuse famille américaine, bande bizarre, aventureuse et extravagante, nourrissant de hautes prétentions fort peu autorisées, dont le membre le plus intéressant était un petit garçon pénétrant et précoce, affligé d'un coeur faible, mais superbement intelligent, qui voyait la vie rôdeuse, prédatrice et précaire des siens exactement comme elle était, et la mesurait et la jugeait, et les mesurait et les jugeait, tous autant qu'ils étaient, de la façon la plus piquante ; se présentant en bref comme une extraordinaire petite personne. C'était là plus qu'assez pour un jour d'été, même dans la vieille Italie - c'était une magnifique aubaine. Nul processus, nuls degrés n'intervinrent : je vis, sur-le-champ, le petit Morgan Moreen, je vis tout le reste des Moreen ; je sentis, dans les moindres nuances, la nature des relations de mon jeune ami avec eux (il était devenu aussitôt mon jeune ami) et, du même coup, jusque dans son imperceptible vibration ultime, la sujétion auprès de lui du jeune homme enjôlé, abasourdi, lésé, non rémunéré et pourtant richement payé après tout, qui sûrement, sous l'empire de la pitié, s'embarquerait avec la tribu en qualité de précepteur, et dont les rapports édifiants avec elle constituerait mon principal document. Je ne puis rendre compte autrement de l'origine de L'Elève, mais je me flatte d'être compris en cela de toutes les personnes douées d'imagination et de visualisation qui ont eu - et quelle personne douée d'imagination et de visualisation n'a eu - pareille expérience d'un absolu de perception déterminé soudain. Tout le faisceau d'éléments qui forment l'image naît, en ces occasions, d'un seul coup ; ils ne sont pas assemblés par pièces et morceaux, ils conspirent et se commandent mutuellement ; ce qui, sans nul doute, se produit en fait, c'est que, sous l'influence d'un simple attouchement, une vieille impression latente et endormie, un germe enfoui, implanté par l'expérience puis oublié, jaillit à la surface comme un poisson, s'élève d'un bond spasmodique vers l'hameçon amorcé et là, rencontre instantément le rayon vivifiant. Je me rappelle en tout cas n'avoir eu aucun doute sur quoi que ce soit ni sur qui que ce soit ; la vision conserva jusqu'au bout son aisance et son charme, et se développa avec confiance." (Henry James, cité par Pierre Leyris dans la Préface de L'élève : "James glossateur de James", p. 9-11) L'Élève est un film français réalisé par Olivier Schattzky en 1996, adapté de la nouvelle éponyme d'Henry James.
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