Abraham Stoker dit Bram Stoker, né le 8 novembre 1847 à Clontarf (un quartier nord de Dublin) et mort à Londres le 20 avril 1912, est un écrivain britannique d'origine irlandaise, auteur de nombreux romans et de nouvelles, qui a connu la célébrité grâce à son ouvrage intitulé Dracula.
Les cent ans de Dracula, Huit nouvelles de Goethe à Lovecraft, une anthologie présentée par Barbara Sadoul, Librio, 1997.
"Il y a un peu plus de cent ans, l'écrivain anglo-irlandais Bram Stoker offrait ses lettres de noblesse au personnage du vampire. Durant dix ans, cet administrateur de théâtre travailla à son grand roman sans se douter qu'il allait créer un mythe moderne. Pour le public d'aujourd'hui, le terme de vampire évoque aussitôt le comte Dracula. Nombre d'interprétations, aussi bien littéraires que psychanalytiques, furent avancées pour expliquer l'origine d'un tel récit. Bram Stoker affirmait, dit-on, que son histoire lui avait été inspirée par un cauchemar à la suite d'une indigestion. Les critiques ne purent admettre une explication aussi simpliste, mais ils n'acceptèrent pas davantage que Dracula soit seulement le fruit de rencontres de souvenirs et d'influences littéraires (...) Créature complexe, le vampire, à l'aube du XXème siècle, ne se définissait plus comme un simple mort qui, à la nuit tombée, quittait son sépulcre pour aller s'abreuver du sang des vivants. Le monstre pouvait adopter des formes inattendues et se faire entité menaçante proche de l'extraterrestre (Le Horla, de Guy de Maupassant, 1886) ou plante (L'Etrange Orchidée de H.G. Wells, 1897).
Grand perfectionniste, Stoker désirait aller plus loin que ses prédécesseurs en revisitant les traditions anciennes. Si le terme de vampire n'a aujourd'hui qu'un peu plus de deux cent cinquante ans, la notion de vampirisme vient du fond des âges. Aussi, afin de saisir l'essence du personnage, il compulsa traités de théologie, de médecine et de démonologie. Il passa des journées entières à la bibliothèque du British Museum pour authentifier son décor transylvanien. Il étendit ses recherches ethnologiques, folkloriques, historiques et géographiques aux étranges contrées dont lui avaient parlé l'orientaliste Arminius Vambery. L'authentique Dracula, prince de Valachie au XVème siècle, n'avait guère de secret pour lui. Séduit par Vlad Tepes, Bram Stoker voulut donner une dimension historique à son héros. Vlad IV était resté célèbre pour ses pratiques barbares et avait reçu comme deuxième nom Dracula (en roumain "fils de Drakul"), ce qui signifiait fils du dragon ou du diable.
Le voïvode Vlad III Basarab, mort en décembre 1476 à Bucarest, est prince de Valachie en 1448, puis de 1456 à 1462 et en 1476. Il inspira Bram Stoker pour la création du personnage du comte Dracula.
Bram Stoker établit alors une nouvelle définition du vampire :
"Le vampire qui se trouve parmi nous possède, à lui seul, la force de vingt hommes ; il est plus rusé qu'aucun mortel, puisque son astuce s'est affinée au cours des siècles. Il se sert de la nécromancie, art qui, comme l'indique l'étymologie du mot, consiste à évoquer les morts pour deviner l'avenir, et tous les morts dont il peut s'approcher sont à ses ordres. C'est une brute, et pis qu'une brute ; c'est un démon sans pitié, et il n'a pas de cœur ; il peut, avec pourtant certaines réserves, apparaître où et quand il veut et sous l'une ou l'autre forme de son choix ; il a même le pouvoir, dans une certaine mesure, de se rendre maître des éléments : la tempête, le brouillard, le tonnerre, et de se faire obéir de créatures inférieures, telles que le rat, le hibou, la chauve-souris, la phalène, le renard et le loup ; il peut se faire grand ou se rapetisser et, à certains moments, il disparaît exactement comme s'il n'existait plus."
Les différentes croyances ancestrales cristallisées dans ce texte fantastique et fantasmagorique font apparaître le monde sauvage et envoûtant derrière lequel se dissimulent la surnature, la mort et l'érotisme. Dracula renferme tout ce qui effraye et fascine en même temps. Lié aux concepts de sang, de souillure et de sexualité perverse, le vampire est cet être ambivalent qui pose, sous de nouvelles formes, le droit à la vie et exauce des désirs interdits à la condition humaine (don d'ubiquité, d'invisibilité, de métamorphose, immortalité...)
Reconnu comme "le plus beau roman du siècle" par Oscar Wilde, Dracula fut dès sa sortie un succès.
La renommée du héros vampire, consacrée par les différentes relectures cinématographiques à partir de 1931, éclipsa au fil des années celui qui l'avait imaginé. A la première évocation de Dracula, se succèdent désormais dans notre esprit les visages de Bela Lugosi, de Christopher Lee, de Franck Langella ou de Gary Oldman. L'adaptation de 1992, signée Francis Ford Coppla, rend enfin Hommage à l'écrivain dans son titre, Bram Stoker's Dracula. Cette dernière version, sublimée, parvient étonamment à traduire l'atmosphère du texte." (d'après Barbara Sadoul)
Nosferatu le vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens) en version originale) est un film muet allemand réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau sorti en 1922, adapté du roman Dracula, bien qu'il fût non autorisé par les ayants droit.
C'est pour cette raison que certains noms et détails ont été changés par rapport au roman. Le comte Dracula devient ainsi le comte Orlok. Le film fit l'objet d'un procès intenté par la veuve de l'écrivain, qui aboutit en 1925 à un jugement exigeant la destruction de toutes les copies illicites. Jugement qui ne fut pas appliqué ; plusieurs copies circulèrent dès les années 1930 aux Etats-Unis et en France.
C'est un des premiers films d'épouvante, genre dont Murnau fut l'un des pionniers, et un des grands chefs-d’œuvre du cinéma expressionniste allemand.
Synopsis :
À Wisborg en 1835, Thomas Hutter, un jeune clerc de notaire récemment marié à Ellen, doit partir pour la Transylvanie pour vendre une propriété au comte Orlok. Après un ténébreux périple, le jeune homme est accueilli par le comte dans son sinistre château. Durant la transaction, Orlok aperçoit une miniature d’Ellen qui le fascine et décide alors d’acquérir le bâtiment – proche de la maison du couple – qui lui est proposé. Hôte du comte, Hutter ne tarde pas à découvrir la véritable nature de celui-ci. Nosferatu chemine vers sa nouvelle demeure, répandant dans son sillage une épidémie de peste. Bientôt en proie aux mains griffues de Nosferatu qui la convoite, Ellen sacrifie son sang au vampire pour sauver la ville frappée par la peste.