Anne Perry, Un Noël en Sicile, (A Christmas Rescue), traduit de l'anglais par Pascal Haas, inédit, Editions 10/18, Grands détectives.
Anne Perry, née en 1938 à Londres, est aujourd'hui célébrée dans de nombreux pays comme la reine du polar victorien grâce au succès de ses deux séries, les enquêtes du couple Charlotte et Thomas Pitt et celles de l'inspecteur amnésique William Monk. Elle s'est depuis intéressée à d'autres périodes historiques, telles que le Paris de la Révolution française (A l'ombre de la guillotine), la Première Guerre mondiale (La saga des Reavley), ou encore Byzance au XIIIème siècle (Du sang sur la soie). Anne Perry partage sa vie entre Inverness (Ecosse) et Los Angeles.
Quatrième de couverture :
Île de Stromboli. Le solitaire James Latterly arrive à son petit hôtel en espérant que le ciel bleu, la douce brise et l'esprit de Noël lui changeront les idées. Malheureusement, la compagnie - un auteur pompeux, un colonel guindé, des époux mal assortis et un vieillard malade - se révèle d'un ennui mortel. A une charmante exception près : Candace Finbar, jeune adolescente orpheline qui prend James sous son aile et lui fait découvrir toutes les beautés de l'île. Mais le ciel limpide se voile bientôt de nuages menaçants : une violente querelle, un gentleman désagréable qui clame être suivi, le volcan qui commence à s'agiter... Puis c'est le coup de tonnerre : un corps est découvert et James comprend que le tueur doit se trouver parmi les clients de l'hôtel."
Extrait :
Du pont du bateau, James Latterly contemplait le rivage paisible qui se rapprochait à toute vitesse. Le volcan se dressait, silhouette aussi simple et symétrique que sur un dessin d'enfant. Le ciel était d'un bleu hivernal. En ce mois de décembre, la neige ne tarderait pas à tomber chez lui en Angleterre, mais là, tout près de la Sicile, la brise chargée d'embruns était d'une extrême douceur.
Il avait été impatient de faire cette pause loin de Londres, du travail et de la routine d'une existence qui, ces derniers temps, lui avait paru plus dépourvue de sens que jamais. Le décès récent de sa femme l'avait laissé dans un profond sentiment de deuil, quoique pas comme il s'y serait attendu. Ne pas éprouver la souffrance cruelle de la perte lui faisait comprendre avec douleur qu'il s’était senti seul depuis très longtemps.
Passer trois semaines à Noël sur un île volcanique de la Méditerranéenne changerait-il quelque chose? Ce séjour le guérirait-il de ce sentiment de désespoir, de petits échecs sans fin ? En tout cas, il aurait tout le temps de réfléchir sans être interrompu par la trivialité de la vie quotidienne. Il avait beau avoir connu la réussite sur le plan professionnel, il n'en tirait que très peu de plaisir.
Bien qu’âgé seulement d'une quarantaine d'années, il se sentait vieux. Ils étaient à présent tout près du rivage. Il voyait des hommes sur le quai décharger des bateaux de pêche. Entre les petites maisons alignées sur le front de mer, les rues montaient en pente raide vers l’intérieur des terres. Tout paraissait simple, rien ne semblait avoir changé depuis plus de deux mille ans.
Le volcan était plus imposant qu'il ne l'avait semblé vu du large. Il les dominait, quasiment dénué de végétation en dehors de quelques taches de verdure. D'ici, il offrait une apparence lisse.
Le moment était venu de débarquer.