Pape François, Rencontres avec Dominique Wolton, Politique et société, un dialogue inédit, Editions de l'Observatoire, 2017
Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, a été élu pape sous le nom de François le 11 mars 2013. Il est le premier pape jésuite et latino-américain de l'histoire de l'Eglise.
Dominique Wolton est directeur de recherche au CNRS. Il est le fondateur et le directeur de la revue internationale Hermès (CNRS Editions) depuis 1988. Dans la communication, il privilégie l'homme et la politique par rapport à la technique et à l'économie. Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, traduits en vingt langues."
"Le premier livre du pape François sur sa vision de la politique et de la société :
Pendant un an, le pape François a accordé douze entretiens à l'intellectuel français Dominique Wolton. Fruit de ces rencontres humaines et chaleureuses, ce dialogue exceptionnel et inédit aborde en toute liberté les grands sujets de notre temps et de l'existence humaine : la paix et la guerre, la politique et les religions, la mondialisation et la diversité culturelle, les fondamentalismes et la laïcité, l'Europe et les migrants, l'écologie, les inégalités dans le monde, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, l'individu, la famille, l'altérité, le temps, la confiance et la joie.
Le pape François et les médias (p.186 et suivantes)
"(...) Les médias doivent faire face à quatre écueils.
Le premier est la désinformation. Dire uniquement une partie des choses, celle qui leur convient. Je pense aux journaux d'information : ils amènent le lecteur à former un jugement erroné sur la réalité, puisqu'on ne livre que la moitié des faits.
Le deuxième danger, c'est la calomnie. Salir l'autre. La calomnie, comme dit le barbier de Séville, ce n'est pas un vent léger, c'est un ouragan.
Le troisième est la diffamation. Une personne peut avoir fait des erreurs dans sa vie passée. Puis elle peut avoir changé, elle a même peut-être demandé pardon. On constate que son comportement est différent. Le danger est que les médias, pour saper son autorité, rappellent ce passé. C'est cela, la diffamation.
Le quatrième est cette "maladie" des médias, triste, déplaisante, désagréable, qui consiste à se complaire dans les récits, les évocations les plus scabreuses, brutales et voyeuristes.
Ces quatre écueils sont partout dans la communication sociale, les médias.
Dominique Wolton : C'est la même chose pour Internet.
Pape François : Et nous sommes habitués à ça. Nous nous sommes habitués. C'est très difficile de trouver, dans les médias, quelqu'un qui parle d'une situation sans salir, sans ne dire qu'une partie des choses, sans attenter à la dignité de l'autre.
Dominique Wolton : Oui, la dignité de la personne.
Pape François : Les médias, selon, moi, doivent sauvegarder la dignité de la personne."
"Je souhaite que le journalisme, de plus en plus et partout, soit un instrument de construction, un facteur de bien commun, un accélérateur de processus de réconciliation ; qu'il sache repousser la tentation de fomenter l'affrontement, avec un langage qui attise le feu des divisions, mais favorise plutôt la culture de la rencontre. Vous, journalistes, rappelez à tous chaque jour qu'il n'existe pas de conflit qui ne puisse être résolu par des femmes et des hommes de bonne volonté."
(Extrait de l'allocution du pape François au Conseil italien de l'Ordre des journalistes, en audience dans la salle Clémentine du vatican, le 22 septembre 2016)