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«Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire».

"À partir de ce bref épisode de l’histoire romaine, et se donnant comme défi de « faire quelque chose de rien », Racine compose une œuvre-manifeste, tragédie de la séparation et de l’amour radical. La simplicité y fait la force de l’action scénique, et l’épure des vers devient une respiration intime, un souffle vital transmuant la douleur en beauté.

Célie Pauthe a redécouvert Bérénice à travers un court-métrage réalisé par Marguerite Duras en 1979, Césarée. Dans ce film-poème, qui sera présent dans le spectacle, l’auteure-cinéaste imagine l’après séparation, le retour de Bérénice à Césarée, sa ville natale de Judée, dont elle était reine et qu’elle quitta pour suivre Titus, le colonisateur, destructeur du temple de Jérusalem. Comme Médée, Bérénice trahit par amour, et comme elle, elle sera abandonnée. Perdant Titus, Bérénice perd tout.

Note : Césarée de Marguerite Duras :

Sur la bande sonore, le texte dit par Marguerite Duras évoque la ville de Césarée, en Palestine, et Bérénice, la «reine des Juifs», «répudiée pour raison d'Etat». La bande-image fait alterner des plans fixes de statues de la place de la Concorde, ou d'hiéroglyphes de l'obélisque, avec des travellings dans les jardins des Tuileries, notamment le long des statues de Maillol.

Pour Racine, l’enfant de Port-Royal, élevé au lait de la radicalité janséniste, comme pour Duras, l’amour est un pari qui engage corps et âme, et qui ne peut se vivre qu’en s’abandonnant intégralement à l’autre, au risque de s’y perdre, de s’y dissoudre, de s’y détruire. L’amour est tout sauf une terre de négociation et de compromis. Mais en est-il un autre qui mérite d’être vécu ? (source : théâtre contemporain.net)

"Titus et Bérénice vivent un amour impossible. Ils ne peuvent se l’avouer. Bérénice ne peut pas même le concevoir : depuis cinq ans, son amant n’a cessé de lui jurer une passion éternelle. Quant à Titus, il préfère s’étourdir, s’aveugler. Mais voici que s’est levé le jour tragique. Entre la loi du monde et la foi des amants, il va falloir choisir. Et ce choix est un mortel déchirement. Il semblerait pourtant que Titus n’ait qu’un mot à dire pour dicter son désir à l’univers entier et s’unir à Bérénice. Elle-même l’y encourage : “Dites, parlez !” Pourquoi donc reste-t-il interdit ?... Racine l’a lui-même indiqué : “toute l’invention”, ici, “consiste à faire quelque chose de rien”. Ce “rien” est une ligne de partage qui sans bruit, sans coup de théâtre, s’ouvre entre ceux qui s’aiment et les écarte l’un de l’autre, creusant l’abîme tout en élevant leurs paroles d’une “tristesse majestueuse” à la puissance d’un chant d’absolue passion. Célie Pauthe, comme ses mises en scène d’Une Bête dans la jungle, puis d’Un amour impossible l’ont démontré, est particulièrement sensible à ces histoires poignantes où se concentre l’essence d’un lien intime. Sa Bérénice, à laquelle elle est parvenue à force de lire Duras, naîtra de la même intuition."

Résumé de la pièce de Racine : 

L’action de Bérénice, de Racine, se passe à Rome. Titus, empereur de Rome, aime une reine, Bérénice, et en est aimé. Antiochus, le meilleur ami de Titus l’aime aussi silencieusement depuis 5 ans. Apprenant que leur mariage doit se faire le soir même, il décide d’avouer son amour à Bérénice. Titus, parce qu’il est empereur romain ne peut épouser une reine. Les lois de Rome l’interdisent. Il décide donc d’éloigner Bérénice et se confie à Antiochus. Déchirés, les trois personnages décident de se séparer. Bérénice rentre donc chez elle et Antiochus rejoint ses terres.

Bérénice, acte IV, scène V (extrait) : 

« Hé bien ! Régnez, cruel ; contentez votre gloire :
Je ne dispute plus. J’attendais, pour vous croire,
Que cette même bouche, après mille serments 
D’un amour qui devait unir tous nos moments,
Cette bouche, à mes yeux s’avouant infidèle,
M’ordonnât elle-même une absence éternelle.
Moi-même j’ai voulu vous entendre en ce lieu.
Je n’écoute plus rien, et pour jamais, adieu. 
Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence, et que le jour finisse, 
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? »

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