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François George, L'Effet 'Yau de Poêle, de Lacan et des lacaniens
François George, L'Effet 'Yau de Poêle, de Lacan et des lacaniens

François George, L'Effet 'Yau de Poêle, de Lacan et des lacaniens, Hachette Essais, 1979

Table : D'une conjuration enfin découverte - PREMIERE PARTIE : Les mauvaises manières : I. Quelques signifiés du signifiant - II. Un montreur d'éléphants - III. Le médecin imaginaire - IV. La thérapeutique du pire - V. Le nom de l'Autre - DEUXIEME PARTIE : Ce que dit celui qui parle : I. D'un discours qui est bien du maître - II. Dehors, l'inconscient ! - III. Tout nus au pays di signifiant - IV. L'auto mate et le père Hoquet - TROISIEME PARTIE : I. La porcherie - II. Où l'on suggère la nuit du 4 août - III. Il faut qu'une pensée soit ouverte ou fermée - Index raisonné des concepts majeurs.

L'auteur : 

Né à Sceaux en 1947, fils du géographe français Pierre George, il est influencé durant son enfance par l'idéologie communiste sous sa forme stalinienne. Il passe sa scolarité à Lakanal, fait des études de philosophie puis passe un DES sous la direction de Vladimir Jankélévitch ; il échoue ensuite à l'oral de l'agrégation, mais est reçu au CAPES. Après une expérience de professeur, évoquée dans Prof à T., il devient secrétaire des débats à l'Assemblée nationale, ce qui lui permet de vivre à Paris. Dans les années 1970, il devient un proche de Jean-Paul Sartre et un ami d'André Gorz qui le fait entrer en 1969 aux Temps Modernes. Y écrivant sous le pseudonyme de Daniel Verrès sur des questions politiques et marxistes, il est présenté comme « joyeusement irrespectueux de toute autorité intellectuelle, décochant avec véhémence ses flèches antistaliniennes à partir d'un spontanéisme à la Cohn-Bendit ». En janvier 1980, il participe à l'émission de télévision Apostrophes avec Vladimir Jankélévitch et Blandine Barret-Kriegel. À peu près à la même époque, il est l'invité de Jacques Chancel dans son émission Radioscopie, pour parler notamment de son essai polémique sur Lacan et le lacanisme, L'Effet 'yau de poêle de Lacan et des lacaniens (Hachette, 1979). François George est un auteur discret qui donne peu d'interviews et refuse de se faire photographier. Cultivant une certaine misanthropie envers ses contemporains, après le succès de son Histoire personnelle de la France (Balland, 1983), il a mis un point d'honneur à choisir, pour les livres suivants, des éditeurs confidentiels, afin de ne pas être lu d'un large public. À l'instar de Romain Gary, il a recommencé une carrière littéraire sous un pseudonyme, Mathurin Maugarlonne, utilisé par la suite avec des variations (François-George Maugarlone ou Maugarlonne). (source : wikipedia)

François George et le lacanisme 

En 1979, François George se fait remarquer en publiant chez Hachette un ouvrage polémique, intitulé L'Effet 'yau de poêle de Lacan et des lacaniens, dans lequel il entend démonter, non sans un humour caustique, la rhétorique de Jacques Lacan, la théorie et le discours lacaniens, qui à l'époque jouissaient d'une aura débordant largement la psychanalyse. Selon lui, cette fétichisation du discours et du signifiant ne repose que sur des jeux de mots et n'est que poudre aux yeux, révélant en fait « un discours du maître » et une « thérapeutique du pitre ». Le livre de François Georges apparaît en fait comme une description humoristique d'un séminaire lacanien typique des années 1970, l'auteur s'étant d'abord introduit dans un cercle qui se livrait à l’exégèse des écrits de Lacan. Son témoignage présente ce cercle comme une véritable secte au langage ésotérique, les « disciples » participant à une sorte de « rituel de parade » autour de la parole du Maître ; pris dans cette communication basée sur des mots-clés, des mots de passe et des signes de reconnaissance, qui fait que l'obscurité est prise pour de l'épaisseur, François George commente : « sans me comprendre moi-même, je parlais lacanien ». Annie Le Brun salue cet ouvrage et ce qu'elle considère comme une magistrale démystification de « la saga lacanienne », « une des plus prestigieuses réussites françaises dans la course à la crétinisation internationale. » (source : wikipedia)

D'une conjuration enfin découverte (extrait) :

"L'effet Lacan, pour sa part, se propagea, avec de lourdes conséquences. Les cénacles lacaniens se multiplièrent, et le "ça parle" faisait fureur comme à une autre époque de tables tournantes. Mais à force de faire parler le ça, le je se sentait un peu désaxé, et je vis venir à moi nombre de sujets en piteux état. Pourtant, quand je leur racontais mon expérience, je me heurtais de la part des sujets à une curieuse résistance. Je m'aperçus que le sentiment de leur infirmité s'accompagnait d'un secret plaisir : la révélation de leur imbécillité avait pour contrepartie celle d'un savoir fabuleux, que sans doute ils ne parviendraient jamais à assimiler, mais dont ils pourraient être les servants. Une trouble complicité les unissait déjà aux adeptes du signifiant, dont ils disaient : "Mais eux, ils se comprennent". En fait, ils avaient simplement assisté à un échange de signaux, assez comparable à la communication animale. Comment ne pas comprendre quand on ne fait qu'échanger des mots de passe et des signes de reconnaissance ? Et comment ne pas comprendre que le "comprendre" est un leurre, un effet de l'imaginaire, quand toute la question est de se montrer parés des mêmes plumes que le rituel de parade ?

Une institution fonctionne grâce à des signes creux dont toute pensée s'est depuis longtemps éventée, qu'en ce sens on peut très exactement appeler des signifiants. Au sein d'une institution, n'a normalement cours que la monnaie à frapper à son effigie et pour son seul usage. Ceux qui applique sa règle ont le sérieux des joueurs de carte, qui ne se posent pas la question de savoir si le roi et la reine renvoient à des monarques réels. Le jeu permet au contraire d'entretenir l'étanchéité du circuit, de prévenir l'introduction des éléments allogènes qui ne manqueraient pas d'entraîner se détérioration. Telles sont les conditions auxquelles vous pourrez discuter interminablement de l'eucharistie, de la dictature du prolétariat ou du signifiant qui représente le sujet pour un autre signifiant, c'est-à-dire non parler de quelque chose, ce qui présente tous les dangers de l'altérité, mais vous entendre avec vos frères, ce qui répond à votre désir.

Mais moi, je n'ai jamais rien compris à la fraternité. Voilà pourquoi j'en suis venu, après bien des épisodes éprouvants, à découvrir l'existence d'une société secrète s'étant donné pour but la destruction de la raison et de la signification, que je propose d'appeler la confrérie des 'Yau-de-poêle..."

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