Le péché originel de la psychanalyse, Lacan et la question juive, Editions du Seuil, collection Non conforme, 2007.
Table : I. Une affaire non élucidée : 1. Reprendre les choses là où Freud les a laissées - 2. La judéité de Freud selon Lacan - 3. Le judaïsme dans la vie de Lacan - 4. Les interlocuteurs : Emmanuel Raïss, Olga Katunal - - II. L'esprit à la lettre : 1. L'humour, quand on a tout oublié - 2. Du Witz à la lettre et de la lettre à la science - 3. Imprégnation biblique - 4. La Genèse dans tous ses états : Création ex nihilo et émergence du signifiant - Rakia et le réel - Be-tselem elohim, à l'image de Dieu - Verbum et nomination originelle - Zakhar ve-nekeva, mâle et femelle - Adam, Eve et la faute - La faute, une Urszene - De Babel à Jacob - III. Le mystère paternel : 1. Moïse et la critique de l'Œdipe - 2. Du Père au Dieu des Juifs : "Je suis ce que Je est" - 3. La Loi et ses dix commandements - 4. L'objet comme livre de chair - 5. L'offrande à des dieux obscurs - 6. Le rituel de la Chose juive - 7. D'une théorie de la folie à la folie de la théorie - Annexe - Lettres du Dr. Jacques Biézin (juillet 2002)
L'auteur :
Gérard Haddad, né en 1940 à Tunis, est un ingénieur agronome, psychiatre et psychanalyste français. Il a écrit aussi sous le nom de Moshe Haddad. Il rencontre Jacques Lacan en 1969 et entame avec lui une psychanalyse. Cette aventure dure douze ans, au cours desquels s'opère une métamorphose : marxiste, athée, il voit avec stupeur émerger, au cours de son analyse, la force du sentiment religieux qui l'habite, ce qui le conduit à retrouver le judaïsme, et à l'étudier en lecture croisée avec la psychanalyse. Sa rencontre avec Yeshayahou Leibowitz influence également son parcours. Outre son travail de psychanalyste, Gérard Haddad est connu pour son œuvre d'écrivain, de traducteur de l'hébreu et d'éditeur. (source : babelio)
Jacques Lacan :
Jacques Lacan, né le 13 avril 1901 à Paris 3e et mort le 9 septembre 1981 à Paris 6e, est un psychiatre et psychanalyste français. Après des études de médecine, il s'oriente vers la psychiatrie et passe sa thèse de doctorat en 1932. Tout en suivant une psychanalyse avec Rudolph Loewenstein, il intègre la Société psychanalytique de Paris (SPP) en 1934 et en est élu membre titulaire en 1938. C'est après la Seconde Guerre mondiale que son enseignement de la psychanalyse prend de l'importance. Son évolution théorique — du retour à Freud à l'opposition à certains courants psychanalytiques tels que l’ego-psychology — accompagne une scission au sein de la Société psychanalytique de Paris en 1953, début des séminaires qu'il donne jusqu'en 1979 successivement à l'hôpital Sainte-Anne, à l'École normale supérieure puis à la Sorbonne. Jacques Lacan a repris et discuté l'ensemble des concepts freudiens, mettant à jour une cohérence dégagée de la biologie et orientée vers le langage, s'appuyant notamment sur le structuralisme et la linguistique. Jacques Lacan est l'un des psychanalystes les plus renommés après Freud, et a donné naissance à un courant psychanalytique, le lacanisme, qui s'est développé en de nombreuses associations de psychanalystes se réclamant de son enseignement. Figure contestée, Lacan a marqué le paysage intellectuel français et international, tant par les inspirations qu'il a suscitées que par les rejets qu'il a provoqués.
Le livre :
Si l’œuvre de Lacan peut s’appréhender de multiples manières, elle me semble se déployer selon deux axes.
Le premier axe consiste en un commentaire fouillé des textes fondamentaux de Freud, enrichi par des emprunts, véritables greffes théoriques, à d’autres champs comme la linguistique saussurienne et l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss. L’ambition de ce commentaire effectué sous la maxime du « retour à Freud » était de rendre toute leur âpreté, toute leur pertinence moderne aux concepts fondateurs de la psychanalyse. C’est ce brillant commentaire qui a assuré sa notoriété à Lacan.
Le second axe, recouvert par le précédent, mal perçu, voire totalement inaperçu, par ses élèves les plus proches – et qui fut, je le crois, la cause des démêlés de Lacan avec l’institution psychanalytique internationale – est l’exploration « du péché originel de la psychanalyse ». Cette expression n’est rien d’autre qu’une citation extraite du séminaire XI sur Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse : « Aussi l’hystérie nous met-elle […] sur la trace d’un certain péché originel de la psychanalyse. Il faut bien qu’il y en ait un. Le vrai n’est peut-être qu’une seule chose, c’est le désir de Freud lui-même, à savoir le fait que quelque chose dans Freud n’a jamais été analysé. »
Qu’est-ce donc que ce quelque chose d’inanalysé ? Lacan n’y va pas par quatre chemins : il y aurait dans l’analyse de Freud un évitement majeur, celui de sa confrontation avec le Dieu juif, El-Shaddaï comme Lacan le nomma : « C’est exactement là que j’en étais au moment où, par une singulière coïncidence, j’ai été mis en position de devoir me démettre de mon séminaire…