Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

is (2)

"Homosexualité : tout ce qu'elle permet de dire, de faire, de comprendre, de savoir, etc. Donc une cristallisation, une médiatrice, une figure d'intercession : la Déesse homosexualité." (Roland Barthes)

 

Les partisans du mariage pour tous mettent en avant la question de droit : il n'y a aucune raison pour qu'un droit soit réservé à une partie de la population (les hétérosexuels) et pas aux autres ; le droit est le même pour tous.

 

Les opposants mettent en avant la dimension symbolique du problème, la coutume, la "nature", ainsi que des arguments religieux qui relèvent de la foi plutôt que de la raison.

 

Il semblerait qu'une majorité de Français soient sensibles à l'argument de l'égalité de tous devant la Loi qui fait partie de notre héritage républicain.

 

Mais on sait bien que dans cette affaire, il ne s'agit pas seulement du droit au mariage entre deux personnes du même sexe, mais du droit à l'adoption. Par ailleurs, le mariage est une institution, mais est-il vraiment un "droit" ?

 

La possibilité d'adopter un enfant est aussi un droit, mais si les Français sont indifférents ou favorables au mariage pour tous, ils sont plutôt réticents à l'adoption (les deux questions sont liées dans le projet de Loi).

 

C'est qu'évidemment le "désir d'enfant" ne peut pas s'accomplir de façon "naturelle" entre deux personnes du même sexe et que sa satisfaction exige d'avoir recours à d'autres méthodes : adoption, procréation médicalement assistée (PMA), gestation pour autrui (GPA)... On demande donc aux gens de se prononcer sur le mariage, alors qu'il s'agit de tout autre chose. 

 

On peut très bien comprendre que deux personnes qui s'aiment aient envie de s'aimer pour toujours et de donner de l'amour à un enfant, y compris deux personnes du même sexe et après tout, le mariage est une manière de "fixer" ce fameux désir, dont on sait, comme dit Luis Bunuel, le caractère "obscur" de son objet et d'échapper à la marginalité et à la multiplication des "expériences" (le mariage n'en préserve pas, mais implique l'idée de "fidélité").

 

La question de la filiation a été mise en avant par certains psychanalystes (il ne s'agit pas du récit des parents, mais de celui de l'enfant qu'il se raconte consciemment et/ou inconsciemment à lui-même)... Il semble que personne ne voie où est le problème ou ne tienne particulièrement à s'y attarder. La question est de savoir si tout ce qui est désirable et/ou scientifiquement et techniquement possible est éthiquement légitime.

 

Car à côté du droit au mariage et à l'enfant, il y a aussi le droit de l'enfant qui ne peut pas être considéré comme un simple objet de désir, mais comme un être dont on assume la responsabilité et auquel on doit donner les moyens de grandir et de se développer de façon harmonieuse.

 

L'amour ne se confond pas avec le désir et consiste à aimer l'autre pour lui-même et non pas pour soi. Elever un enfant n'est pas une partie de plaisir, en particulier au moment de l'adolescence et l'enfant n'est pas censé correspondre au désir des parents auquel il a besoin, au contraire, de s'opposer pour grandir et pour devenir "lui-même".

 

Pour certains, mais ils sont nombreux et leur point de vue forme le soubassement de la conception de l'homosexualité dans la société occidentale "post moderne" fondée sur la consommation et l'exaltation du désir et des "droits" individuels, l'homosexualité serait une "essence" : on naîtrait homo ou hétérosexuel... Les hasards de la vie, l'environnement, la famille n'auraient aucun rapport avec la fixation du désir sur l'un ou l'autre sexe.

 

Cette conception que rejeteraient avec horreur (et à juste titre) les "progressistes" s'il portait sur  les aptitudes intellectuelles ne semble pas poser problème quand on parle d'homosexualité, comme si l'homosexualité était une donnée naturelle à laquelle on ne peut rien, un héritage biologique et non un acquis culturel.

 

Il n'y a aucun moyen de vérifier cette thèse de l'innéité de l'homosexualité et les biologistes ne nous en disent pas grand chose, et pour ainsi dire rien du tout. 

 

 

  11167367 det

 

La plupart des oeuvres littéraires ou cinématographiques montrent l'homosexualité sous un aspect tragique, inévitablement lié à la mort.

 

L'un des rares contre-exemple est un petit chef-d'oeuvre d'un réalisateur belge, Bavo Defurne : North Sea Texas. Ce film montre l'évolution d' un jeune garçon (les anglo-saxons disent le "coming of age") qui n'est pas certain de son identité sexuelle (Pim) et qui tombe amoureux d'un garçon de son âge (Gino). Ce qui est original dans ce film, c'est d'une part qu'il se termine bien, d'autre part que le destin du garçon n'est pas scellé par une prétendue "homosexualité innée"... On ne sait pas, à la fin du film, s'il deviendra homosexuel ou hétérosexuel, mais on le voit brûler sur la plage le contenu de sa boîte à secrets (un mouchoir ayant appartenu à son ami, un dessin qu'il a fait de lui, un diadème de Miss...), se dévêtir et courir nu vers la mer symbole de l'avenir, de l'ouverture et du "possible".

 

North Sea Texas n'est pas une tragédie grecque et considère qu'une relation homosexuelle passagère (au moment de l'adolescence) ne voue pas forcément à une homosexualité définitive.

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :