Abraham Joshua Heschel

Agir en juif, c'est faire chaque fois un nouveau départ sur une vieille route. (Abraham Joshua Heschel)

Né à Varsovie le 11 janvier 1907, Abraham Joshua Heschel (11 janvier 1907-23 Décembre 1972) peut être considéré comme un des principaux théologiens juifs du XXème siècle. 

Heschel descendait de deux grandes lignées de rabbins d’Europe Centrale, (à la fois du côté de son père Moshé Heschel et du côté de sa mère Reizel Perlow Heschel). Il était le petit fils d’un immense maitre du hassidisme dont il portait le nom.

Il reçut dans sa jeunesse la traditionnelle éducation de Yeshiva, et obtint une Semiha (diplôme rabbinique) traditionnelle, puis il étudia à l’université de Berlin où il obtint un doctorat, puis à la "Hoschshule für die Wissenschaft des Judentums" où il obtint une seconde Semiha, libérale cette fois.

Au contact du judaïsme américain

À la fin des années 30, les nazis fermèrent les séminaires rabbiniques en Allemagne. C’est alors que Julian Morgenstern, President du « Hebrew Union College », le séminaire rabbinique américain de Cincinnati affilié au judaïsme réformé, mit tout en oeuvre pour sauver le plus d’érudits juifs possibles des griffes des nazis. Il invita Abraham Joshua Heschel à enseigner au séminaire de Cincinnati. Heschel, toute sa vie, sera reconnaissant envers Julian Morgenstern pour lui avoir sauvé la vie. Le 10 Décembre 1946, il épousa Sylvia Straus à Los Angeles. Ils eurent une fille nommée Suzannah qui devint, à son tour, une grande spécialiste du judaïsme. 

 Heschel expliqua de nombreuses facettes de la pensée Juive parmi lesquelles des études sur la philosophie juive médiévale, la kabbale et le hassidisme. Il s’intéressa tout particulièrement aux prophètes, ainsi qu’à la meilleure façon pour les Juifs d’inclure la religion dans leur vie quotidienne. Dans ses livres, il lança des attaques toujours modérées mais néanmoins très fermes, contre ceux dans le judaïsme libéral qui ne restaient pas fidèles à la Halaha et aussi contre ceux, dans le judaïsme orthodoxe, qui faisaient prévaloir le légalisme sur l’esprit de la loi.

 Un militant humaniste

Pour Heschel, l’enseignement des prophètes hébreux est un vibrant appel à l’action sociale.   Heschel, ami intime de Martin Luther King, milita à ses côtés en faveur des droits civiques de la minorité noire aux USA et fut un opposant actif à la Guerre du Vietnam Il agit également en faveur de la liberté pour les Juifs d’Union Soviétique.

Il est un des rares théologiens juifs largement étudiés par les Chrétiens. Il fut un des initiateurs du dialogue judéo-chrétien et fut largement consulté pour les travaux préparatoires au concile Vatican II. 

Parmi ses travaux les plus remarquables, on peut citer : "L'Homme n'est pas seul", "Dieu en quête de l'Homme", "Les Bâtisseurs du temps" et "Les Prophètes".

(source : www.akadem.org)

 Paroles d'Abraham Heschel :

"Racism is man's gravest threat - the maximum hatred for a minimum reason."

"Le racisme est la menace la plus lourde qui pèse sur l'homme - le maximum de haine pour le minimum de raisons."  

"All it takes is one person… and another… and another… and another… to start a movement."

"Pour débuter un mouvement, il suffit d' une personne... puis d'une autre... puis d'une autre... puis d'une autre..."  

"Wonder rather than doubt is the root of all knowledge."

"L'émerveillement plutôt que le doute est la racine du savoir."  

"A religious man is a person who holds God and man in one thought at one time, at all times, who suffers no harm done to others, whose greatest passion is compassion, whose greatest strength is love and defiance of despair."

"Un homme vraiment religieux est quelqu'un qui ne pense jamais à Dieu sans penser à l'Homme, qui n'accepte pas que l'on fasse du mal aux autres, dont la principale passion est la compassion, dont la force réside dans l'amour et le refus du désespoir."

"God is of no importance unless He is of utmost importance."   

"Dieu n'a pas la moindre importance si on ne  lui accorde pas la plus haute." 

"Just to be is a blessing. Just to live is holy."

"Le simple fait d'exister est une bénédiction. Le simple fait de vivre est une chose sainte."

"Self-respect is the fruit of discipline, the sense of dignity grows with the ability to say no to oneself."

"Le respect de soi-même est le fruit de la discipline, le sens de la dignité grandit avec la capacité de s'empêcher." (j'ai traduit cette parole d'Abraham Heschel en pensant à celle qu"Albert Camus attribue à son père dans "Le dernier Homme" : "Un homme, c'est quelqu'un qui s'empêche.")

"Life without commitment is not worth living."

"Une vie sans obligations ne vaut pas la peine d'être vécue." 

"In regard to cruelties committed in the name of a free society, some are guilty, while all are responsible."

"En ce qui concerne les injustices commises dans une société libre, si quelques uns s'en rendent coupables, tous en sont responsables."

"Remember that there is a meaning beyond absurdity. Be sure that every little deed counts, that every word has power. Never forget that you can still do your share to redeem the world in spite of all absurdities and frustrations and disappointments."

"Souviens toi qu'il y un a un sens au-delà de l'absurde. Sois certain que chaque action, aussi petite soit-elle a de l'importance, que chaque mot possède un pouvoir. N'oublie jamais que tu peux toujours prendre part à la rédemption du monde, en dépit de toutes les absurdités, des toutes les frustrations et de toutes les déceptions."

"When I was young, I admired clever people. Now that I am old, I admire kind people."

"Lorsque j'étais jeune, j'admirais les gens intelligents, mais à présent que je suis vieux, j'admire la bonté." 

"Le judaïsme est une religion du temps, une sanctification du temps."

"La civilisation technique est la conquête de l'espace. C'est un triomphe auquel on ne parvient le plus souvent qu'en sacrifiant l'une  des dimensions essentielles de l'existence : le temps."

Abraham Joshua Heschel (2ème à partir de la droite) participant à la marche de Selma pour les Droits civiques aux côtés de Martin Luther King Jr. (4ème à partir de la droite). Abraham Heschel évoqua cette marche en ces termes : "Pour beaucoup d'entre nous la marche de Selma à Montgomery fut à la fois une protestation et une prière. Les jambes ne sont pas des lèvres et marcher n'est pas se mettre à genoux. Et cependant nos jambes chantaient des cantiques. Même sans aucun mot, notre marche était une prière. Je sentais mes jambes prier."