André Breton , Anthologie de l'humour noir, Editions Jean-Jacques Pauvert, coll. Biblio Poche
Table : Paratonnerre - Jonathan Swift - D.A.F de Sade - Georg Christoph Lichtenberg - Charles Fourier - Thomas de Quincey - Pierre-François Lacenaire - Christian-Dietrich Grabbe - Petrus Borel - Edgar Poe - Xavier Forneret - Charles Baudelaire - Lewis Carroll - Villiers de l'Isle-Adam - Charles Cros - Friedrich Nietzsche - Isidore Ducasse - J.-K Huysmans - Tristan Corbière - Germain Noiuveau - Arthur Rimbaud - Alphonse Allais - Jean-Pierre Brisset - O. Henry - André Gide - John Millington Synge - Alfred Jarry - Raymond Roussel - Francis Picabia - Guillaume Apollinaire - Pablo Picasso - Arthur Cravan - Franz Kafka - Jacob van Hoddis - Marcel Duchammp - Hans Arp - Alberto Savinio - Benjamin Péret - Jacques Rigaut - Jacques Prévert - Salvador Dali - Jean Ferry - Leonora Carrington - Gisèle Prassinos - Jean-Pierre Duprey
"Sur son enfance et son adolescence, Breton ne fait guère de confidences. Il naît à Tinchebray, dans l'Orne, le 18 février 1896. On le retrouve à Nantes ; en 1915, il est mobilisé et, comme ayant fait ses études en médecine, affecté au service de santé de l'hôpital de la rue du Bocage. C'est là qu'il rencontre Jacques Vaché, immobilisé pour une blessure au mollet. Breton va ensuite se consacrer au développement et à l'orientation d'un nouveau mouvement littéraire jusqu'à sa mort, survenue le 28 septembre 1966. Poèmes, essais, récits, manifestes, tracts, conférences, expositions, entretiens, son activité politique et littéraire est intense. Elle se ponctue d'alliances et d'exclusions. Breton s'entoure d'écrivains, de poètes, de peintres. ce sont d'abord Aragon et Soupault avec qui il fonde la revue Littérature en 1919, puis Tzara, Desnos, Crevel, Vitrac, Aragon, Eluard, Soupault, Gracq, Artaud, Duchamp, Leiris, Duprey, Prévert, Queneau, Ernst, Masson, Miro, Dali, Magritte, Giacometti, Arp, Tanguy, Brauner..." (Nicole Chardaine)
Les principales figures du mouvement surréaliste dans les années 30 : Eluard, Breton, Dali, Ernst, Crevel et Man Ray
Extraits de la préface :
"Il serait temps, dit Freud, de nous familiariser avec certaines caractéristiques de l'humour. L'humour a non seulement quelque chose de libérateur, analogue en cela à l'esprit et au comique, mais encore quelque chose de sublime et d'élevé, traits qui ne se retrouvent pas dans ces deux ordres d'acquisition du plaisir par une activité intellectuelle. Le sublime tient évidemment au triomphe du narcissisme, à l'invulnérabilité du moi qui s'affirme victorieusement. Le moi se refuse à se laisser entamer, à se laisser imposer la souffrance par les réalités extérieures, il se refuse à admettre que les traumatismes du monde extérieur puissent le toucher ; bien plus, il fait voir qu'ils peuvent même lui devenir occasion de plaisir (...)
(...) Il nous a paru intéressant de confronter avec cette thèse un certain nombre d'attitudes particulières qui relèvent de l'humour et de textes où cet humour s'est trouvé porté littérairement à son plus haut degré d'expression (...)
Nous ne nous défendons pas d'avoir apporté dans ce choix une grande partialité, tant il est vrai qu'une telle disposition nous paraît seule de mise à pareil sujet. La plus grande crainte, la seule cause de regret pourrait être, en l'occurrence, de ne pas s'être montré assez difficile. Pour prendre part au tournoi noir de l'humour, il faut en effet avoir échappé à de nombreux éliminatoires. L'humour noir est borné par trop de choses, telles que la bêtise, l'ironie sceptique, la plaisanterie sans gravité... (l'énumération serait longue), mais il est par excellence l'ennemi mortel de la sentimentalité à l'air perpétuellement aux abois - la sentimentalité sur fond bleu - et d'une certaine fantaisie à court terme, qui se donne trop souvent pour la poésie, persiste bien vainement à vouloir soumettre l'esprit à ses artifices caducs, et n'en a sans doute plus pour longtemps à dresser sur le soleil, parmi les autres graines de pavot, sa tête de grue couronnée."