Constantin Cavafy ou Cavafis, connu aussi comme Konstantinos Petrou Kavafis, ou Kavaphes (en grec Κωνσταντίνος Πέτρου Καβάφης), est un poète grec né à Alexandrie en Égypte le 29 avril 1863 et mort dans la même ville le 29 avril 1933. Très peu connu de son vivant, il est désormais considéré comme une des figures les plus importantes de la littérature grecque du xxe siècle. Il fut fonctionnaire au ministère des travaux publics d'Alexandrie, journaliste et courtier à la bourse d'Alexandrie.
"Il n'a pas, comme Verlaine, réservé son inspiration érotique à un petit nombre de poèmes ; ni, comme Cocteau, caché dans un tiroir le récit de ses amours ; ni, comme tant d'autres, tenté de séduire le public par des mensonges en accord avec le goût dominant. Il n'a pas non plus, comme Whitman, noyé sa passion des corps virils dans une exultation démocratique et républicaine du "compagnonnage" universel. Cavalfy est à ce jour le plus grands des poètes homosexuels, justement parce qu'il a eu le courage d'être uniquement, exclusivement, poète homosexuel, sans concessions, à l'opinion, sans faux-fuyants, sans justifications : exaltant la beauté des jeunes hommes et la joie de la possession, "sans honte absurde quant au genre de plaisir." "Dominique Fernandez, Le Rapt de Ganimède, Grasset, p.256)
Autant qu’il te sera possible
Et si tu ne peux mener ta vie comme tu le désires,
essaye au moins ceci, autant
qu’il te sera possible : ne l’avilis pas
dans un trop grand commerce avec le monde,
dans tout ce mouvement, tous ces discours.
Ne l’avilis pas, en l’exposant –
en la traînant ainsi et la compromettant –
à la sottise quotidienne
des relations et des fréquentations,
jusqu’à en faire une étrangère fastidieuse.
Constantin Cavafy, Poèmes, traduits par Georges Papoutsakis ( Les Belles Lettres)
relevé sur le site d'informations Okeanews.fr :
http://www.okeanews.fr/20131021-poesie-kavafis-bus-propagande
Un vieillard
Dans le brouhaha du café, à l'arrière
de la salle, un vieillard est penché sur sa table;
sans autre compagnie devant lui qu'un journal.
Et dans la déchéance de ses misérables vieux jours,
il pense qu'il a bien peu profité des années
où il avait la force, et la parole et la beauté.
Il sait qu'il a beaucoup vieilli ; il le sent, il le voit.
Sa jeunesse pourtant, il aurait juré
que c'était hier. Quel intervalle court, quel intervalle court.
Et il songe que la sagesse s'est bien moquée de lui;
et comme il lui faisait confiance - quelle folie ! -
cette menteuse qui disait toujours : " Demain. Tu as tout le temps".
Il se souvient des élans qu'il refrénait ; que de joie aussi
il a sacrifié. Sa prudence insensée,
tant d'occasion perdues la rendent ridicule à présent.
- Mais à force de penser et de se souvenir,
le vieillard à la tête qui tourne. Et il s'endort,
appuyé contre la table du café.