Dominique Fernandez, Le Rapt de Ganimède, Editions Grasset et Fasquelle, 1989
Table des chapitres :
Introduction : Nature ou culture ? - Première partie. De quelques points d'Histoire : Haro sur les eunuques - Sous l’œil de la police et de la médecine - L'autre Richard - De quelques pionniers tombés dans l'oubli - Cent ans de misère - Pourquoi, au modèle grec, devrait se substituer le modèle médiéval - Seconde partie. Beaux-Arts, Musique, Littérature, Cinéma : Saint Sébastien, héros tutélaire - de la Révolution française à l'Allemagne nazie : le nu masculin dans l'art néoclassique - Schubert devant son pot de bière - De Mozart à Britten, ou de la difficulté de mettre en scène des héros d'opéra homosexuels - Grandeur et décadence de la littérature homosexuelle - Le Portrait de Dorian Gray : un musée des bonheurs - Maurice : du roman au film - Constantin Cavafy - Le don Juan de Montherlant - Qui a tué Mishima ? -Zénon et Alexandre, deux héros au-dessus des lois- La gloire du paria - d'Auschwitz au Sida -De Sergueï Eisenstein à James Ivory et à Pedro Almodovar - Index - Table des illustrations.
L'auteur :
Né à Neuilly-sur-Seine le 25 août 1929, Dominique Fernandez est le fils du diplomate et critique Ramon Fernandez. Il reçoit le Prix Médicis en 1974, pour Porporino ou les Mystères de Naples, histoire d'un castrat dans l'Italie du XVIIIe siècle. En 1982, son roman fondé sur la vie de Pasolini, Dans la main de l'ange, est couronné du Prix Goncourt. À 77 ans, Dominique Fernandez est élu à l'Académie française le 8 mars 2007. Grand voyageur, spécialiste de l'art baroque (La Perle et le croissant) et de la culture italienne, Dominique Fernandez ramène de ses nombreux voyages en Italie, en Bohême, au Portugal, en Russie, en Syrie, au Brésil ou en Bolivie des récits illustrés par le photographe Ferrante Ferranti, son compagnon durant 15 ans. Il ne fait pas mystère de son homosexualité, révélée au public lors de la parution de Porporino ou les Mystères de Naples, en 1975. En 1999, il prend la défense du PACS. Se qualifiant de "premier académicien ouvertement gay".
Quatrième de couverture :
"D'après la mythologie grecque, Ganymède était le plus bel adolescent vivant sur la terre. Zeus, le dieu suprême, étant tombé amoureux du jeune homme, prit la forme d'un aigle pour l'enlever et en faire son compagnon dans le ciel. Le rapt de Ganymède est resté le symbole de l'audace nécessaire à un amour qui défie les règles communes.
Quand j'étais étudiant, deux mots étaient synonymes : homosexuel et paria. Aux hommes et aux femmes de ma génération a manqué la possibilité de découvrir, chez des modèles que le monde entier admire, une légitimation de goûts que l'opinion publique réprouve sous l'épithète de "contre nature".
J'ai voulu montrer, d'une part que la persécution de l'homosexualité à partir du XIXe siècle s'explique par des raisons exclusivement économiques et politiques, d'autre part que certains des plus grands esprits, des meilleurs poètes et romanciers, compositeurs de musique, peintres et cinéastes de tous les temps, de Sapho à Platon, de Whitman à Cavafy, de Melville à Yourcenar, du Caravage à David, de Mozart à Schubert, d'Eisenstein à Visconti, ont tissé un réseau d'oeuvres qui peuvent servir désormais de culture, c'est-à-dire d'exemple et d'encouragement.
Bien mieux que les paternes et hypocrites absolutions prononcées depuis cent ans par les psychiatres et psychanalystes, véritable imposture de notre temps, dévoilée ici dans un sottisier réjouissant."
Extrait de la préface :
"Il n'y a aucune exagération à reconnaître, dans la somme d'erreurs et de calomnies accumulées depuis deux mille ans sur l'homosexualité, un calcul raisonné qui fait honneur au sens méthodique de leurs auteurs. L'humanité, qui craint pour sa survie et cherche par tous les moyens à lutter contre la pente naturelle de l'espèce a trouvé deux sortes principales de riposte. L'une, plus élaboré, plus fine, à laquelle apportent parfois leur collaboration la fraîcheur ingénue et l'élan d'un authentique enthousiasme pour les femmes, consiste à forger de grands mythes hétérosexuels, et à les renouveler périodiquement. Greta Garbo et John Gilbert, Marlène Dietrich et Gary Cooper, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu (Louis Aragon et Elsa Triolet) ont relayé Armand Duval et Marguerite Gautier, Natacha Rostov et André Bolkonski, Julien Sorel et Mathilde de la Mole, lesquels avaient succédé à Didon et Enée, Tristan et Iseut, Rodrigue et Chimène. C'est la riposte culturelle au danger de mort, la parade inventée par l'imagination créatrice. L'autre réplique, plus franche, plus brutale, consiste à mettre en place des chiens de garde, dont le nom et la spécialité ont changé, qui se sont appelés tour à tour législateurs, inquisiteurs, policiers, évêques, psychiatres, psychanalystes, mais dont la fonction est restée invariable : exercer la coercition, chaque fois que le sortilège des couples légendaires n'est plus assez fort pour assurer la victoire de la culture sur la nature."