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Le XXème siècle : court ou long ? (Analyse comparée de documents)

Analyse comparée des deux documents : 

Les deux documents que nous nous proposons d'étudier sont des extraits d'ouvrages historiques. Le premier de Eric J. Hobsbawm, historien britannique (1917-2012), intitulé L'âge des extrêmes, Histoire du court XXème siècle, est paru en 1994. Le second, de René Rémond (1917-2007) historien français spécialiste d'histoire politique, intitulé Le XXème siècle, de 1914 à nos jours, est paru en 2002.

L'usage veut qu'un siècle commence une année après le début d'une période de cent ans (+ un an) et se termine à la fin. Par exemple, le XXème siècle a commencé en 1901 et s'est terminé en l'an 2000.

Or, cette délimitation "arithmétique" ne correspond pas, selon nos deux historiens, à la réalité historique.

C'est ainsi que, aussi bien pour Eric J. Hobsbawm que pour René Rémond, le XXème siècle n'a pas commencé en 1901, mais en 1914 et ne s'est pas terminé en l'an 2000.

Selon Eric J. Hobsbawm il s'est terminé en 2009 avec la chute du mur de Berlin et selon René Rémond, lors des attentats du 11 septembre 2001.

Ces divergences de vue montrent qu'il est difficile de fixer les limites d'un siècle. Le XXème siècle est-il court ou long ?

Selon l'historien britannique Eric J. Hobsbawm, le XXème siècle a commencé au début de la Première Guerre Mondiale, donc en 1914, et s'est terminé au moment de la disparition de l'URSS, fin 1991. Selon lui, le XXème siècle n'a donc duré que 77 ans.

Ces 77 ans forment, selon lui "avec du recul" une "période historique cohérente désormais terminée".

Il revient sur le fait que la disparition de l'URSS constitue une date charnière qui met un terme à l'histoire du XXème siècle.

Il considère que le XXème siècle se divise en trois périodes : "l’Ère des catastrophes", "l'Âge d'or" et "La débâcle". L’Ère des catastrophes commence en 1914 et se termine après la Seconde Guerre Mondiale, L'Âge d'or correspond à vingt cinq ou trente années de croissance économique et de transformation sociale (les "Trente Glorieuses" en France, le "miracle économique" allemand) qui, toujours selon lui, se sont terminées au début des années 1970 (première crise pétrolière). La dernière partie du siècle a été, selon l'historien britannique, une "nouvelle ère de décomposition et de catastrophes", notamment pour l'Afrique, l'ex-URSS et l'ancienne Europe socialiste.

René Rémond est d'accord avec Eric Hobsbawn sur le fait que le XXème siècle a commencé en août 1914 avec le conflit qui a éclaté en Europe. Il insiste davantage que son confrère sur les transformations profondes que cette guerre a apporté aux peuples qui y ont participé. Par exemple, la guerre de 1914-1918 a entraîné la disparition des monarchies européennes en Allemagne, en Autriche-Hongrie et en Russie, la création de la SDN et l'affirmation de la puissance économique, politique et militaire des Etats-Unis d'Amérique, entrés en guerre aux côté des alliés le 6 avril 1917.

Selon Eric Hobsbawm, le XXème siècle, s'est terminé à la fin des années 80 et au début des années 90, alors que pour René Rémond, les avis divergent sur la question. En effet, un événements inouï est venu bouleverser la perspective et remettre en question la définition du XXème siècle : les attentats du 11 septembre 2001.

Dans la mesure où l'opinion mondiale a donné une importance historique aussi grande aux attentats du 11 septembre 2001 qu'à la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, le XXème siècle ne s'est pas terminé, pour René Rémond, en 1989, mais en 2001 et a donc duré non pas 77, mais 87 ans, donc 10 ans de plus que pour Eric J. Hobsbawm.

L'analyse de ces deux textes montre donc qu'il est difficile de fixer les limites d'un siècle Si l'historien français et l'historien anglais sont d'accord pour faire remonter le XXème siècle au début de la Première Guerre Mondiale, ils divergent sur la date de sa fin : chute du mur de Berlin et dislocation de l'URSS pour l'un, attentats du 11 septembre pour l'autre.

Comme le dit Eric J. Hobsbawm, un siècle ne se réduit pas à des limites arithmétiques, mais correspond à des événements marquants aux yeux de l'opinion et aux yeux des historiens, qui forment une période historique cohérente.

L'historien, selon lui, ne s'intéresse qu'au passé, non à l'avenir et ne peut pas dire "ce que le troisième millénaire nous réserve", mais seulement dans quelle mesure le court XXème siècle aura façonné l'avenir.

Si l'on arrête, comme le fait Eric J. Hobsbawn,  le XXème siècle à la chute du mur de Berlin qui marque la fin du communisme dans les pays de l'Est, on pourrait en conclure que le XXIème siècle  sera un siècle de liberté, de démocratie et de détente.

Mais si, comme René Rémond, on considère que les attentats du 11 septembre 2001 ont la même importance historique que la chute du mur de Berlin, on pourrait en déduire, de façon moins optimiste, que le XXIème siècle sera  le siècle du terrorisme, tout pouvant arriver, n'importe où et n'importe quand, de manière totalement imprévue.

 

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