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Le Château intérieur ou Les demeures de l'âme de Thérèse d'Avila (1577)
A la demande du Père Gracian, son directeur spirituel, Thérèse d'Avila va rédiger entre le 2 juin 1577 et le 29 novembre 1577 un traité sur l'oraison destiné aux moniales des couvents réform...
Claire Bretécher, La vie passionnée de Thérèse d'Avila, Dargaud, 2007
Née le 7 ou 17 avril 1940 à Nantes, Claire Bretécher est une auteure de bande dessinée humoristique et illustratrice française. Après avoir collaboré aux principaux titres de la presse jeunesse franco-belge dans les années 1960 (Record, Tintin, Spirou), Bretécher participe à l'émergence de la bande dessinée adulte francophone en rejoignant Pilote en 1969 puis en co-fondant L'Echo des savanes en 1972. De 1973 à 1981, elle publie dans l'hebdomadaire d'information généraliste Le Nouvel Observateur une série de gags en une ou deux pages moquant les comportements de la bourgeoisie de gauche bien-pensante, Les frustrés, première bande dessinée francophone à succès basée sur la critique sociale. Ensuite, tout en travaillant ponctuellement pour la presse, elle continue à se faire la sociologue des classes moyennes supérieures urbaines en consacrant des albums à la maternité, à la médecine, au tourisme, puis à l'adolescence avec sa deuxième œuvre phare, la série Agrippine (1988-2009). Des penseurs aussi différents que Pierre Bourdieu, Roland Barthes, Umberto Eco ou Daniel Arasse l'ont célébrée, et ses œuvres ont fait l'objet de plusieurs études universitaires. Malgré cette notoriété, ce n'est qu'à l'hiver 2015-2016 qu'à été organisée la première exposition rétrospective d'ampleur sur son œuvre, à la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou, à Paris. À cette époque, aucune monographie ne lui avait cependant été consacrée, ce que la commissaire de l'exposition attribuait à « sa personnalité farouche, peu encline aux mondanités, et à sa modestie». (source : wikipedia)
La Vie passionnée de Thérèse d'Avila est une bande dessinée de Claire Bretécher publiée dans Le Nouvel Observateur en 1979 et reprise en album l'année suivante par l'auteur. Variation humoristique sur la vie de la sainte catholique Thérèse d'Avila, cette bande dessinée suscita alors de nombreuses protestations de lecteurs, bien que d'autres, y compris des catholiques et des théologiens comme Michel de Certeau, y aient vu un ouvrage bienveillant qui aurait fait rire Thérèse elle-même.
"Par un matin torride dans la gaie Castille du XVIe siècle, Thérèse d'Avila s'en allait sur son âne. C'est ainsi que commence l'hagiographie pour le moins décalée de la Sainte, sous la plume brillante de Claire Bretécher qui n'a oublié ni sa forte et picaresque personnalité, ni ses performances mystiques, ni sa dimension intellectuelle. Lévitation, denier du culte, exorcisme et construction d'un couvent, tout ce qui fait le quotidien d'une religieuse hors du commun est merveilleusement brossé dans cette indispensable réédition en grand format." (source : babelio)
Personnages :
Thérèse d'Avila : religieuse énergique et pragmatique, elle a la tête sur les épaules mais peut aussi se mettre à léviter ou à entrer en extase - Doña Prouhèze : une noble, amie de Thérèse d'Avila, reprise de la pièce de théâtre Le Soulier de satin de Paul Claudel - Don Rodrigue : mari de Prouhèze, repris du Soulier de satin. - Jean de la Croix moine ermite, l'autre grand mystique espagnol, ami de Thérèse d'Avila - Pierre d'Alcantara : ami de Thérèse d'Avila, présenté dans une situation d'ascèse très poussée - Une religieuse possédée par le démon
Mon avis sur la bande dessinée :
On se souvient du cri du cœur de sainte Catherine de Sienne, lors d'une des ses nombreuses missions de paix et de conciliation, après qu'elle se fut cassée la jambe en traversant une rivière en crue : "Seigneur, quand on voit la manière dont vous traitez vos amis, on comprend que vous en ayez si peu !"
Mais certaines personnes ont décidément bien du mal à admettre que les saints et les génies - et Thérèse d'Avila était incontestablement l'une et l'autre - ne sont pas ontologiquement différents des autres, qu'ils ont leurs faiblesses et leurs moments de découragement et, en ce qui concerne les saints, qu'ils puissent même en vouloir à Dieu à certains moments de la lourdeur de leur tâche.
Certaines personnes pensent aussi (ce ne sont pas forcément les mêmes) que l'appartenance d'une personnalité à une "configuration de pratiques et de savoirs" (pour parler comme Michel Foucault) totalement différente de la nôtre, la rend inaccessible.
Certes, certaines particularités de la vie de sainte Thérèse d'Avila sont aujourd'hui bien difficiles à admettre (les phénomènes mystiques, les extases, la "transverbération", la lévitation, la mortification, l'ascèse...), mais les situations concrètes qu'elle dut affronter, en tant que mère supérieure, fondatrice et réformatrice (et on sent que Claire Bretécher s'est sérieusement documentée sur le sujet), ne sont finalement pas si différentes de celles que nous pouvons rencontrer nous-mêmes, pour peu que nous ayons été confrontés, nous aussi, à quelque niveau que ce soit, aux exigences complémentaires de la justice et de la charité ("Le ciel et la terre passeront, mais l'amour ne passera pas"), de la conviction et de la responsabilité (Max Weber), du réalisme et de l'utopie et vérifié la loi de Prieto (nous passons 80% de notre temps à nous occuper de 20% des problèmes), que ce soit dans une école, une bataillon, une entreprise ou tout autre organisation humaine et que nous ayons fini par accepter, à force d'efforts inutiles, de nous recevoir d'un Autre ("En vain tu devances le jour, tu retardes le moment de ton repos et tu manges un pain de douleur, quand Dieu comble son bien-aimé quand il dort")
En combinant l'irrévérence et la sympathie, les ressorts comiques de l'anachronisme et les liens avec les problèmes d'aujourd'hui, Claire Bretécher a rendu accessible la personnalité hors du commun d'une mystique espagnole du XVIème siècle, une femme libre qui était aussi, à sa manière une "femme libérée". Michel de Certeau disait de cet album qui en a choqué certains qu'il aurait sans doute bien fait rire Thérèse d'Avila.
Deux citations pour finir :
"La joie est le secret gigantesque du chrétien. Malheureusement, le chrétien ignore qu'il est dépositaire d'un tel secret."
"Il y avait une chose trop grande pour que Dieu pût nous la montrer quand il marchait sur notre terre ; j'ai parfois imaginé que c'était son rire."
(J.K. Chesterton)
Sainte Thérèse d'Avila (en religion Teresa de Jesus), née le 28 mars 1515 à Gotarrendura (Vieille Castille) et morte de 4 octobre 1582 à Alba de Tormes en Espagne est une religieuse espagnole, réformatrice de l'Ordre du Carmel au XVIème siècle, sainte et docteur de l'Eglise. Profondément mystique, elle laisse des écrits sur son expérience spirituelle qui la font considérer comme une figure majeure de la spiritualité chrétienne.
La transverbération (explication de la page de couverture de la B.D.) :
Au sommet de sa vie mystique, Thérèse raconte avoir vécu l'expérience de la transverbération Dans sa biographie française publiée au XVIème siècle il est dit : « Je vis un ange proche de moi du côté gauche… Il n'était pas grand mais plutôt petit, très beau, avec un visage si empourpré, qu'il ressemblait à ces anges aux couleurs si vives qu'ils semblent s'enflammer … Je voyais dans ses mains une lame d'or, et au bout, il semblait y avoir une flamme. Il me semblait l'enfoncer plusieurs fois dans mon cœur et atteindre mes entrailles : lorsqu'il le retirait, il me semblait les emporter avec lui, et me laissait toute embrasée d'un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu'elle m'arrachait des soupirs, et la suavité que me donnait cette très grande douleur, était si excessive qu'on ne pouvait que désirer qu'elle se poursuive, et que l'âme ne se contente de moins que Dieu. Ce n'est pas une douleur corporelle, mais spirituelle, même si le corps y participe un peu, et même très fort. C'est un échange d'amour si suave qui se passe entre l'âme et Dieu, que moi je supplie sa bonté de le révéler à ceux qui penseraient que je mens… Les jours où je vivais cela, j'allais comme abasourdie, je souhaitais ni voir ni parler avec personne, mais m'embraser dans ma peine, qui pour moi était une des plus grandes gloires, de celles qu'ont connues ses serviteurs. »
En 1652, Le Bernin réalisera une sculpture de L'extase de sainte Thérèse dans la chapelle Cornaro de Santa Maria della Vittoria à Rome, commémorant cet événement.