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Aux élèves :

J'ai suivi le parcours méthodologique conseillé par Henri Pena-Ruiz dans Méthodologie philosophique I, maîtrise de la dissertation, classes terminales, classes préparatoires aux grandes écoles, premier cycle de enseignement supérieur (Bordas).

Je me suis également référé, dans ce travail préparatoire,  à l'ouvrage collectif d'Elisabeth Clément, Chantal Demonque, Laurence Hansen-Love et Pierre Kahn, La philosophie de A à Z, paru aux éditions Hatier, ainsi qu'au  dictionnaire Robert.

Analyse des termes du sujet. Mise en évidence des niveaux de signification

Loi : (du latin "lex", "loi) . Le mot a plusieurs sens, selon les domaines :

  • Dans le domaine juridico-politique (la politique et le droit) : règle obligatoire établie par une autorité souveraine et régissant les rapports des hommes au sein d'une société.
  • Dans le domaine épistémologique et scientifique : rapport mesurable et constant établi entre les phénomènes naturels (ex. : la loi de la chute des corps)
  • Philosophique : règle d'action à laquelle il est obligatoire de se conformer pour réaliser le bien moral (cf. Kant, Métaphysique des moeurs, Critique de la raison pratique).

Contrairement aux lois de la nature, les lois juridiques et morales obligent, mais ne contraignent pas.

Liberté :

  • Sens usuel : être libre, c'est ne pas être empêché de faire ce que l'on veut..
  • Dans l'antiquité, la liberté est la libre condition de l'homme qui n'est pas esclave (servus) ou prisonnier.
  • Pour les stoïciens, la liberté est l'état idéal de l'être humain qui atteint la sérénité (ataraxie) par la maîtrise des passions et l'intelligence de la nature.
  • Pour la philosophie classique (Spinoza, Leibniz), la liberté signifie l'indépendance intérieure et la capacité morale de se déterminer en suivant les seuls conseils de la raison et de l'intelligence non dévoyée par les passions.
  • Pour Spinoza, la liberté se confond avec la nécessité.
  • Descartes distingue entre deux formes de liberté : a) une liberté "négative", la liberté d'indifférence ou le pouvoir de choisir même le faux ou le mal et une liberté positive éclairée par la connaissance du bien.
  • Pour Rousseau, comme pour Kant, il n'y pas de liberté sans loi. La loi, si elle limite notre liberté, en est cependant la condition. La dignité de l'homme repose sur la capacité de se déterminer en fonction d'une volonté morale (législatrice) et non de ses penchants et de ses désirs qu'il ne peut que subir. La liberté est donc (paradoxalement) le pouvoir d'obéir à la loi morale
  • "Dans un Etat, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir et à n'être pas contraint de faire ce qu'on ne doit pas vouloir." (Montesquieu, l'Esprit des Lois)

Obstacle :

Du latin obstaculum et obstare : se tenir devant :

1)  ce qui s'oppose au passage, gêne le mouvement

2) ce qui s'oppose à l'action, à l'obtention d'un résultat - synonymes : barrière, empêchement, difficulté, gêne, opposition. Un obstacle peut être "franchissable" ou réputé "infranchissable".

Quelle signification peut-on donner au sujet pris comme un tout ?

"Les Lois sont-elles un obstacle à la liberté" : Le concept de loi relève de trois domaines différents, le domaine scientifique, le domaine juridico-politique et le domaine philosophique (moral).

Les lois de la nature ne relèvent pas de la liberté,  mais de la nécessité. Le problème se pose au niveau de la réalité humaine, l'homme est-il entièrement déterminé par les lois de la nature ou bien est-il capable d'agir librement et à quelles conditions ?

La définition courante de la liberté : faire ce que l'on veut ne doit pas être écarté. "Faire ce que l'on veut" peut signifier obéir à ses désirs, y compris les plus mauvais, mais aussi ne pas être soumis à des lois injustes. Raymond Aron considérait cette dernière définition de la liberté ("ne pas être empêché de...") comme la liberté par excellence.

II. Explicitation des implications du sujet, de ses sous-entendus, voire de ses présupposés.

Le sujet pose la question de savoir si les lois s'opposent à la liberté. Il présuppose que soit connue la conception courante de la liberté comme "possibilité de faire ce que l'on veut".

Si la liberté consiste à "faire ce que l'on veut", alors les lois constituent bien un obstacle à la liberté ainsi définie dans la mesure ou les lois expriment la volonté générale et "faire ce que l'on veut" la volonté (ou le caprice) individuel.

Mais le libellé du sujet suggère par ailleurs que la liberté n'est pas (ou n'est pas seulement) la possibilité de faire ce que l'on veut. L'intitulé suggère donc que les lois (du moins dans une certaine mesure et à certaines conditions) pourraient favoriser la liberté et non l'entraver.

III. Recherche des domaines d'étude où le sujet prend un sens

Les domaines d'étude sont suggérés par la polysémie du concept de "liberté" : le domaine  épistémologique, le domaine de la politique et du droit et le domaine philosophique et moral.

Le sujet peut s'appliquer à des réalités telles que la liberté de circulation, la liberté d'opinion, la liberté de la presse (les libertés), les Droits de l'Homme et du citoyen, les régimes dictatoriaux ou totalitaires dans lesquels les lois en vigueur ou la "loi du plus fort" (expression dont Rousseau a montré le non-sens) constituent effectivement un obstacle à la liberté.

Ce parcours méthodologique, nous conduit à l'idée que certaines lois peuvent effectivement constituer un obstacle à la liberté et qu'il y aurait donc, à cet égard, de "bonnes lois", les "lois démocratiques"  qui favoriseraient la liberté et de "mauvaises lois", les "lois tyranniques" qui s'y opposeraient.

IV. Mise en place des types d'analyses à effectuer à partir du sujet

L'origine de la question :

"Les lois sont-elles un obstacle à la liberté ?"

Comme l'a montré Benjamin Constant, la conception des Anciens : la liberté conçue comme participation active du citoyen à la vie publique, ne recoupe pas celle des Modernes pour lesquels l'indépendance individuelle, la protection des intérêts privés, la liberté d'expression et l'absence d'oppression sont des valeurs essentielles.

Il s'agira aussi de montrer :

  • ses caractères (les lois peuvent constituer un obstacle à la liberté (presciptions, interdictions), mais elles peuvent aussi la favoriser. La question est de savoir de quelle genre de liberté il s'agit.
  • ses effets (si les lois constituent un obstacle à la liberté, alors...)
  • ses enjeux (en quoi est-il important de réfléchir à cette question, quelle est son actualité...)

A quelles réalités le sujet peut-il s'appliquer ?

La Constitution (la loi fondamentale), le code civil, le code du travail, le code de la route, les lois morales (l'impératif catégorique de Kant) et religieuses (le Décalogue)

En quoi les philosophes ont-ils pu apporter, sur la question posée des approches possibles ? (repérage des contenus philosophiques mobilisables)

cf. plus haut,  à propos de la définition du concept de liberté :

  • Pour les stoïciens, la liberté est l'état idéal de l'être humain qui atteint la sérénité (ataraxie) par la maîtrise des passions et l'intelligence de la nature.
  • Pour la philosophie classique (Spinoza, Leibniz), la liberté signifie l'indépendance intérieure et la capacité morale de se déterminer en suivant les seuls conseils de la raison et de l'intelligence non dévoyée par les passions.
  • Pour Spinoza, la liberté se confond avec la nécessité.
  • Descartes distingue entre deux formes de liberté : a) une liberté "négative", la liberté d'indifférence ou le pouvoir de choisir même le faux ou le mal et une liberté positive éclairée par la connaissance du bien.
  • Pour Rousseau, comme pour Kant, il n'y pas de liberté sans loi. La loi, si elle limite notre liberté, en est cependant la condition. La dignité de l'homme repose sur la capacité de se déterminer en fonction d'une volonté morale (législatrice) et non de ses penchants et de ses désirs qu'il ne peut que subir. La liberté est donc (paradoxalement) le pouvoir d'obéir à la loi morale
  • "Dans un Etat, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir et à n'être pas contraint de faire ce qu'on ne doit pas vouloir." (Montesquieu, l'Esprit des Lois)
  • Le philosophe américain Isaiah Berlin oppose la "liberté négative", par exemple la possibilité de s'exprimer sans être censuré  à la "liberté poistive qui est le pouvoir de prendre part aux décisions publiques et d'exercer l'autorité en général (qui était la conception des Anciens). L'histoire nous a appris que ces deux formes de liberté ne coïncidaient pas toujours. La liberté négative (ne pas être entravé par autrui dans ce que nous souhaitons faire) est donc peut-être la liberté par excellence. Tel était le point de vue de Raymond Aron.

Problématique : "Les lois sont-elles un obstacle à la liberté ?"

Plan possible :

I. La liberté comme possibilité de faire ce que l'on veut sans rencontrer d'obstacles

a) La liberté d'indifférence ou liberté "négative" (obéir à ses caprices, à ses désirs sans se préoccuper des autres)

b) Les libertés individuelles (liberté de penser, de circulation, etc.)

II. La liberté comme obéissance aux lois

a) Dans un système tyrannique (reposant sur la loi du plus fort). Il ne peut y avoir de liberté là où les lois sont injustes.

b) Dans un système démocratique (qui repose sur la volonté générale). Il ne peut y avoir de liberté que là où les lois sont justes. Comme le dit Montesquieu dans l'Esprit des Lois : "Dans un Etat, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir et à n'être pas contraint de faire ce qu'on ne doit pas vouloir." (Montesquieu, l'Esprit des Lois)

III. La liberté comme obéissance à la loi morale

a) Le caractère contraignant des lois de la nature (le règne de la nécessité)

b) Le caractère obligatoire, mais non contraignant de la loi morale (le règne de la liberté)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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