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"Les souvenirs sont du passé qui espère." (Jean Mambrino, Le mot de passe)

Il est des lieux dont le souvenir nous blesse ou nous hante, d’autres ne sont qu’espace pur et nous indiffèrent, d’autres encore, tissés d’amoureuse mémoire, ont un visage qui palpite en nous pour toujours : ce sont les lieux du cœur. J’écris pour ne pas oublier…

Les clairières de l’invisible : Vézelay-la-lumière, chantant sur ta colline, parmi les vendanges et les amandiers en fleurs, Silvacane la bleue, dans tes fraîches pierres de lavande, Le Thoronet, veillant dans la blanche rigueur des aubes provençales…

L’abbaye Notre-Dame de Sylvanès, moutier mystique, romane grange mère, blasonnée d’un lys et d’une tourterelle, plantée depuis plus de huit siècles, en rouge terre de Rouergue et blottie dans le nid de ta combe, sous la colline des Béatitudes…

Innocente clarté des brebis qui ondulent sur le chemin clair… poussière et lumière. Et on ne sait si c’est terre ou mer, tant l’amertume est absente et s’effacent les mots.

Le champ de blé couché près du cimetière, sous la roue solaire du chevet plat, dans la clarté vibrante de l’été, la prairie musicale des boutons d’or, les giroflées sauvages dans les lézardes, les folles aiguillées du vitrail troué d’hirondelles, la flaque de vitrail infusée de soleil au pied du baptistère, les répons d’ombre et de clarté, l’escalier du dortoir usé par les pas des veilleurs et visité par un rayon de lumière oblique, les palmiers du scriptorium, penchés sur la calligraphie du silence, la salle capitulaire où la mémoire aimante des moines blancs aimait régulièrement se rafraîchir aux sources, les cryptes oubliées où palpitait  le Graal, les tombeaux mystérieux que la légende emplissait de trésors, le roucoulement des pierres vivantes au parfum de lys…

Au bord du Dourdou, l’ermitage au toit de lauzes, aux pierres de rouille disjointes, dans la clairière abolie des anges et des premiers moines, qui fondèrent avec Pons de Léras, le « brigand converti », le monastère  tout proche, au temps de la  fin amore, des troubadours et des romans de chevalerie…

Ils étaient comme des abeilles entrées par la fenêtre d’une maison étrangère et qui partout se heurtent, affolées, sans but… Il leur fut donné d’habiter un lieu où se tait la rumeur du monde, une ruche où bourdonne le chant des étoiles et d’en faire, pour toujours, leur demeure.

L’ermitage Saint-François : les primevères dans le verre d’eau, la rosée sur les ronces, le chant de l’eau, les pierres moussues du gué vers le chemin de buis, les sous-bois mystérieux, les caryatides oubliées des derniers rois, la vieille allée solennelle qui menait aux eaux minérales…

Le linteau enneigé de la forge et la fenêtre incandescente comme le désir.

La menorah étoilée d’églantines qui brille dans la pénombre, en mémoire d’Abraham et de sa race, à jamais…

Lanza del Vasto, le pèlerin des sources, l'ami de Gandhi, qui repose en vêtements de noces, à la Borie Noble, près de Lodève, veillé par les flammes des grands pins.

Aldo Ciccolini, le piano médiumnique.

Les violoncelles crépitent dans la prairie. Marcel Bardon célèbre le baptême des coquelicots...

Le fils de saint Dominique, le troubadour de la vieille abbaye, l’éveilleur du Bois dormant, qui vivait comme le lys des « chants » avec les françoisiers de passage.

Le Prince Michel...

Celle qui donnait en silence, le profond silence bleu où se tiennent les Invisibles qui intercèdent et consolent. Ils connaissent les trésors cachés et conservent dans un Livre de Feu la mémoire des actes d'amour...

Serge de Beaurecueil, le partage du pain et du sel, l'ami des enfants d'Afghanistan et de partout, le merveilleux témoin du Christ des cœurs purs.

La paysanne courbée par le malheur et qui faisait pleurer les anges.

Jean, le géant fraternel qui plongeait le vieux presbytère dans la ferveur frénétique du Saint François de Paul marchant sur les eaux de Liszt.

Jean, qui m’indiqua le clocher du miracle.

A la tombée du soir, une flamme s'allume...

"Que ma prière vers Toi, seigneur

S'élève comme l'encens

Et mes mains devant Toi

Comme l'offrande du soir..."

Le parfum de la terre

Sous la chanson du vent,

Le sommeil de la pierre

Et les douces collines,

Le haut vol de la buse

Et le chant du coucou...

Qu'ils s'élèvent vers Toi, au cœur de ma prière !

Nuit de Pâques… Le diacre embrase le grand sapin desséché qui veillait sur la crèche de Noël… La flamme crépitante d’étincelles escalade la nuit étoilée ; l’assemblée chante tout doucement d’abord, puis de plus en plus fort, les paroles du Cantique des Cantiques : "J’entends mon Bien-aimé, voici qu’il vient, venez à sa rencontre !"

« Je suis le Fils de Dieu

Dont les yeux sont une flamme ardente.

Et la flamme de mes yeux ne s’est pas éteinte

Quand les yeux de mon âme se sont fermés,

Dans ma chair sur la Croix.

Je suis venu jeter le feu sur la Terre,

Ma vie, nul ne la prend

Mais c’est moi qui la donne.

Mon corps est le Buisson ardent qui n’est pas consumé.

Ecoute Israël : « Je suis Celui qui est. »

Matin de Pâques…

La Joie des amandiers neige sur la colline

 

 

 

 

 

 

 

 

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