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Texte d'Adam Smith extrait de la Théorie des sentiments moraux
Texte d'Adam Smith extrait de la Théorie des sentiments moraux

L'œuvre : 

"La Théorie est le premier ouvrage complet d'Adam Smith. Précurseur du libéralisme politique, il pose dans cette réflexion les principes moraux, philosophiques, et méthodologiques qui sous-tendent ses œuvres ultérieures. La Théorie des sentiments moraux est ainsi à la fondation des Lectures on Justice, Police, Revenue, and Arms (Conférences sur la justice, la police, les recettes publiques et les armes, 1763), les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), ainsi que les Essays on Philosophical Subjects (Essais sur des sujets philosophiques, 1795)."

L'auteur : 

Adam Smith, né le 5 juin 1723 à Kirkcaldy et mort le 17 juillet 1790 à Édimbourg, est un philosophe et économiste écossais ainsi qu'une des principales figures des Lumières écossaises. 

Le texte à étudier :

"Il est un degré de négligence qui paraîtrait mériter une punition quoique cette négligence n’occasionne aucun dommage à personne. Si une personne jetait une grosse pierre dans une voie publique du haut d’un mur sans en avertir les passants, et sans regarder où elle pourrait tomber, elle mériterait certainement une punition. Une police vraiment exacte châtierait une action si absurde, même si elle n’avait fait aucun mal. La personne qui s’en rend coupable fait preuve d’un mépris insolent envers le bonheur et la sécurité des autres. Il y a une injustice réelle dans cette conduite. Cette personne expose inconsidérément son prochain à ce qu’aucun homme de bon sens ne voudrait risquer ; de toute évidence elle manque du sens de ce qui est dû à ses semblables, et qui est la base de la justice et de la société. Une négligence grossière est donc, selon la loi, presque l’équivalent d’un dessein malveillant. Quand des conséquences malheureuses découlent d’une telle insouciance, la personne qui en est coupable est souvent châtiée comme si ces conséquences avaient réellement été dans son intention ; sa conduite qui était seulement insouciante et indolente, et qui méritait punition, est considérée comme atroce et passible du châtiment le plus sévère. Si une personne en tue accidentellement une autre par l’action imprudente mentionnée ci-dessus, elle est, selon les lois de nombreux pays, et notamment selon la vieille loi d’Écosse, passible du châtiment suprême. Bien que ce soit sans nul doute excessivement sévère, ce n’est pas du tout contraire à nos sentiments naturels. Notre juste indignation contre la folie et l’inhumanité de cette conduite est exaspérée par notre sympathie avec l’infortuné qui en souffre. Rien, pourtant, ne choquerait plus notre sens naturel de l’équité que de mener un homme à l’échafaud simplement pour avoir jeté avec insouciance une pierre dans la rue, sans faire de mal à personne."

Adam Smith, Théorie des sentiments moraux (1759)

Questions sur le texte :

1. Quel est le thème de ce texte ? (De quoi parle ce texte) ?

2. Quelle est la thèse de l'auteur ?

3. Quels sont ses arguments ?

4. Quel exemple donne-t-il ?

1. Pourquoi une négligence sans conséquences dommageables doit-elle mériter une punition ?

2. Selon l'auteur, la loi doit-elle juger d'un acte uniquement à ses conséquences ?

3. Pourquoi la personne qui fait preuve d'une grave négligence fait-elle également preuve "d'un mépris insolent envers le bonheur et la sécurité des autres" ?

4. En quoi une telle conduite est-elle "injuste" ?

5. En quoi une négligence grossière est-elle, selon la loi, presque l'équivalent d'un dessein malveillant ?

6. Que se passe-t-il si des conséquences malheureuses découlent d'une grave négligence, même non intentionnelle ?

7. Pourquoi la loi ne se préoccupe-t-elle pas de l'intention de l'auteur d'une négligence ? De quoi se préoccupe-t-elle ?

8. Etudiez l'exemple donné par l'auteur.

9. Pourquoi la peine de mort est-elle, selon l'auteur, à la fois "excessivement sévère" et conforme à nos "sentiments naturels" ?

10. Qu'est-ce qui exaspère notre "juste indignation" contre la folie et l'inhumanité de certaines conduites ?

11. En quoi le dernière phrase apporte-t-elle un correctif à ce qui précède ? 

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