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Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Introduction (texte + questions)
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Introduction (texte + questions)

L'auteure :

Simone de Beauvoir, née le 9 janvier 1908 dans le 6e arrondissement de Paris, ville où elle est morte le 14 avril 1986, est une philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française. En 1954, après plusieurs romans dont L'Invitée (1943) et Le Sang des autres (1945), elle obtient le prix Goncourt pour Les Mandarins et devient l'un des auteurs les plus lus dans le monde. Souvent considérée comme une théoricienne importante du féminisme, notamment grâce à son livre Le Deuxième Sexe publié en 1949, Simone de Beauvoir a participé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Elle a partagé sa vie avec le philosophe Jean-Paul Sartre. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues.

L'œuvre :

Le Deuxième Sexe est un essai existentialiste et féministe de Simone de Beauvoir, paru en 1949. Cet essai est divisé en deux tomes. Le Deuxième Sexe n'a pas été écrit dans un but militant. L'écrivaine a voulu produire une somme à la façon des encyclopédies : tout connaître, tout dire dans les moindres détails. Mais l'essai s'inscrit aussi dans un plus large projet autobiographique. L'ouvrage s'inscrit dans un double cadre philosophique, celui de l’existentialisme et celui de la phénoménologie. Ainsi, son essai n’est pas un simple constat sur la situation des femmes après la Seconde Guerre mondiale ; c’est une œuvre à teneur philosophique, riche de références littéraires, historiques, sociologiques, biologiques et médicales. Le credo qui paraît en filigrane tout au long des pages est bien qu’aucune femme n'a de destin tout tracé. Simone de Beauvoir, excluant tout déterminisme chez l’humain, s'intéresse donc autant à l'infériorisation de la femme en tant que fait, qu'à ses causes, qui ne sauraient venir de quelque ordre naturel. L'existentialisme implique aussi l'entière responsabilité humaine : ainsi, Beauvoir incrimine presque autant les femmes, dont elle dénonce la passivité, la soumission et le manque d’ambition, que les hommes, qu'elle accuse de sexisme, de lâcheté et parfois de cruauté. Elle estime en conséquence que l'émancipation féminine réussira grâce à la volonté solidaire des hommes et des femmes. Selon elle, les deux grands faits qui permettraient à la femme de s'émanciper sont le contrôle des naissances et l'accès au monde du travail. A sa sortie, l'ouvrage est violemment critiqué notamment par les intellectuels catholiques mais également par les communistes. Le livre est néanmoins immédiatement un succès. Le Deuxième Sexe s’est vendu à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde, traduit dans de nombreuses langues. Il reste à ce jour une référence majeure de la philosophie féministe. (source : wikipedia)

Le texte : 

Sans doute est-il impossible de traiter aucun problème humain sans parti pris : la manière même de poser les questions, les perspectives adoptées supposent des hiérarchies d’intérêts ; toute qualité enveloppe des valeurs ; il n’est pas de description soi-disant objective qui ne s’enlève sur un arrière-plan éthique.

Au lieu de chercher à dissimuler les principes que plus ou moins explicitement on sous-entend, mieux vaut d’abord les poser ; ainsi on ne se trouve pas obligé de préciser à chaque page quel sens on donne aux mots : « supérieur », « inférieur », « meilleur », « pire », « progrès », « régression », etc.

Si nous passons en revue quelques-uns des ouvrages consacrés à la femme, nous voyons qu’un des points de vue le plus souvent adopté c’est celui du bien public, de l’intérêt général : en vérité chacun entend par là l’intérêt de la société telle qu’il souhaite la maintenir ou l’établir.

Nous estimons quant à nous qu’il n’y a d’autre bien public que celui qui assure le bien privé des citoyens ; c’est du point de vue des chances concrètes données aux individus que nous jugeons les institutions.

Mais nous ne confondons pas non plus l’idée d’intérêt privé avec celle de bonheur : c’est là un autre point de vue qu’on rencontre fréquemment ; les femmes de harem ne sont-elles pas plus heureuses qu’une électrice ? La ménagère n’est-elle pas plus heureuse que l’ouvrière ? On ne sait trop ce que le mot bonheur signifie et encore moins quelles valeurs authentiques il recouvre ; il n’y a aucune possibilité de mesurer le bonheur d’autrui et il est toujours facile de déclarer heureuse la situation qu’on veut lui imposer : ceux qu’on condamne à la stagnation en particulier, on les déclare heureux sous prétexte que le bonheur est immobilité.

C’est donc une notion à laquelle nous ne nous référerons pas. […] Nous intéressant aux chances de l’individu nous ne définirons pas ces chances en termes de bonheur, mais en termes de liberté. (Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, introduction, 1949)

Questions sur le texte :

1. Quel est le thème de ce texte ?

2. Quelle est la thèse de l'auteure ?

3. Quels sont ses arguments ?

4. Quels exemples donne-t-elle ?

5. Pourquoi est-il impossible de traiter un problème humain sans parti pris ?

6. Expliquez : "Il n'y a pas de description soi-disant objective qui ne s'enlève sur un arrière-plan éthique"

7. Quel est l'un des points de vue le plus souvent adopté dans le plupart des ouvrages consacrés à la femme ?

8. Quelle est la définition du "bien public" pour Simone de Beauvoir ?

9. Le "bien public" est-il contraire au "bien privé" ?

10. De quel point de vue juge-t-elle les institutions ?

11. Pourquoi Simone de Beauvoir refuse-t-elle de se référer à la notion de bonheur ?

12. A quelle autre notion se réfère-t-elle ?

 

 

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