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Voir les détails de l’image associée. L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité de Walter Benjamin ...

L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique (Das Kunstwerk im Zeitalter), Petite Bibliothèque Payot (philosophie) par Walter Benjamin, traduction inédite de l'allemand par Frédéric Joly, préface d'Antoine de Baecque.

Cahier Walter Benjamin - Broché

L'auteur : 

Walter Benjamin (nom complet : Walter Bendix Schönflies Benjamin) est un philosophe, historien de l'art, critique littéraire, critique d'art et traducteur allemand né le 15 juillet 1892 à Berlin (Allemagne) et mort le 26 septembre 1940 à Portbou en Catalogne, dans l'Espagne franquiste.

Résumé de l'œuvre :

"Penser, c'est ressentir. Et c'est à une expérience intime, intuitive, des sens et des formes, de l'espace et du monde que nous invite Walter Benjamin dans cet essai de 1939 qui reste son texte le plus populaire. Le philosophe y montre comment l'invention de la photographie et surtout celle du cinéma, en rendant possible la reproduction massive des œuvres d'art, ont précipité le "déclin de l'aura", formule désormais célèbre pour un concept devenu central dans l'histoire de l'art et la philosophie esthétique, l'aura d'une œuvre étant l'effet de sa présence unique, liée à un lieu précis et inscrite dans l'histoire.. A travers cette crise esthétique, c'est de notre société qu'il nous parle, une société où chacun a le droit d'être un héros et de peser sur la vie de la cité, mais aussi une société qui doit aussi réinventer l'espace intime, le rapport du passé au futur - et même l'authenticité."

Extrait de la préface d'Antoine de Baecque :

"L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique est un texte problématique. A l'automne 1935, Walter Benjamin vit et travaille à Paris. Il tente de faire avancer ce qu'il considère comme son grand œuvre, Le Livre des passages, matrice efflorescente de la plupart des textes écrits dans les cinq dernières années de son existence. En même temps, il fait figure de correspondant parisien de l'Institut pour la recherche sociale, dirigée à New York par Theodor W. Adorno et Max Horkheimer, ses cadets, et de leur revue, Zeitschrift für Sozialforschung, dont il existe une édition française.

Entre ses "passages" et ces commanditaires sourcilleux, prend place l'histoire de l'écriture et des réécritures de L'Œuvre d'art..."

"On trouve dans ce texte fameux de Walter Benjamin, cette définition du concept d'aura, devenu central dans l'histoire de l'art et la philosophie de l'esthétique : "Nous définissons l'aura comme l'apparition unique d'un lointain, si proche soit-il. Suivre du regard, un calme après-midi d'été, une chaîne montagneuse à l'horizon, ou une branche projetant son ombre sur celui qui se repose - cela signifie respirer l'aura de ces montagnes, de cette branche." 

On saisit là le tremblé de la pensée benjaminienne, qui s'apparente à un vibrato poétique, à un art de la métaphore, à une expérience intime des sens et des formes, à un ressenti de l'espace du monde.

Le bien-être d'un homme se reposant d'une marche en montagne, la sieste dans la nature auprès d'un ami ou d'un être cher, la dialectique du proche et du lointain, la résurgence précise du souvenir, l'unicité d'exception de la chose vécue et surtout la netteté littéraire du rendu de la vie, tout cela fait de Benjamin un penseur écrivain d'une irréductible originalité.

D'une audace, également, qui n'a que peu d'équivalents : qui d'autre saurait, oserait cerner le motif central d'une pensée à l'aide des mots concrets de la nature, d'une métaphore si traversière, d'un journal intime de petits actes vrais ? Comme il le dit lui-même, Benjamin cherche à respirer l'œuvre d'art, à connaître avec ses sens, à écrire, même sur les concepts les plus abstraits, à l'aide de ses émotions."

Patrick Boucheron, "La trace et l'aura, un court-circuit de Walter Benjamin" in Faire profession d'historien, Publications de la Sorbonne :

"L'expérience de l'aura repose sur la traduction de la manière, jadis habituelle dans la société humaine, de réagir au rapport de la nature à l'homme. Celui qui est regardé - ou qui se croit regardé - lève son regard, répond par un regard. Faire l'expérience de l'aura d'une apparition ou d'un être, c'est se rendre compte de sa capacité à lever les yeux, ou de répondre par un regard. Cette capacité est pleine de poésie ; là où un homme, un animal ou un être inanimé, sous notre regard, ouvre son propre regard, il nous entraîne d'abord dans le lointain. Son regard rêve, nous attire dans son rêve. L'aura c'est l'apparition d'un lointain, aussi proche soit-il." (p.15)

"Reprise en 1935, la notion d'aura en vient à désigner ce qui se perd dans la reproduction technique de l'œuvre d'art : "l'unicité de sa présence au lieu où elle se trouve", mais aussi son inscription dans une tradition. Par la reproductibilité des images, se crée l'ubiquité de l'œuvre en même temps que s'accomplit le déclin de son aura. D'où la proposition essentielle de L'œuvre d'art au temps de sa reproductibilité technique : "Qu'est-ce en somme que l'aura ? Une singulière trame de temps et d'espace : apparition unique d'un lointain, si proche soit-il." (p.19)

"Trace et aura. La trace est l'apparition d'une proximité quelque lointain que puisse être ce qui l'a laissée. L'aura est l'apparition d'un lointain, quelque proche que puisse être ce qui l'évoque. Avec la trace, nous nous emparons de la chose ; avec l'aura, c'est elle qui se rend maîtresse de nous." (p.24)

La disparition progressive de l'aura selon Walter Benjamin :

Walter Benjamin distingue trois étapes :

Première étape : l'objet sacré (ex. : les peintures de Lascaux, le reliquaire de sainte Foy à Conques)

Deuxième étape : l'apparition des musées et le changement de statut de l'objet sacré qui devient "objet d'art".

Troisième étape : l'apparition des moyens modernes de reproduction (photographie, cinéma) : l'objet d'art perd plus ou moins complètement son aura en perdant son "unicité" (son caractère unique qui caractérisait l'objet sacré), en devenant reproductible à l'infini et se caractérise désormais par son ubiquité (il n'est plus assigné à un l'espace précis). L'objet quitte l'espace des églises et des chapelles et celui des musées et se donne à voir en réduction  dans les livres d'art, sur Internet, à la télévision, etc.

 

 

 

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