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Un été avec Pascal par Compagnon

Antoine COMPAGNON | Académie française

Ecrivain, professeur au Collège de France et à Columbia University, Antoine Compagnon est l'auteur d’ouvrages consacrés à Montaigne, Baudelaire, Proust. Un été avec Montaigne est à l'origine une série d'émissions diffusées pendant l'été 2012 sur France Inter.

Quatrième de couverture :

"Le roseau pensant, les deux infinis, le pari ou le nez de Cléopâtre : les Pensées renferment tant de formules et d'images inoubliables. Pascal fut un virtuose de la langue française, mais d'abord un mathématicien et un physicien incomparable, et encore un philosophe et un théologien hors pair. Plusieurs de ses sentences sont inscrites dans le cerveau de tout Français : « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie » ; « Qui veut faire l'ange fait la bête » ; « Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ». Au moins depuis Chateaubriand, nous négligeons que les Pensées offrent les rudiments d'une « Apologie de la religion chrétienne », et Pascal représente pour nous l'homme moderne partagé entre la science et la foi, soumis au tragique du Dieu caché et à l'angoisse de la condition humaine.
On devrait « mettre dans le journal, moi je ne sais pas, les... Pensées de Pascal », disait le Swann de Proust. C'est un peu ce que nous avons tenté de faire dans cet Été avec Pascal."

Autre résumé:

"Après Montaigne, Antoine Compagnon nous invite à passer un été avec Pascal. Un siècle de différence entre les deux hommes qui sont tous les deux fondateurs de notre modernité, c'est-à-dire de la liberté d'esprit. Pascal (XVIIe siècle) comme Montaigne (XVIe siècle) traite de l'homme, de la société, de l'univers, du pouvoir, de la foi, de l'angoisse, de la mort, du jeu : le tout et le rien. Nous connaissons tous les sentences célèbres de Pascal : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie", "Qui veut faire l'ange fait la bête", "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point".

Antoine Compagnon évoque à la fois la vie du génie Pascal (auteur du traité des Coniques), tout en allant chercher la signification de ses pensées elliptiques. Avec cette tournure d'esprit combinatoire, Pascal explore tous les possibles de la réflexion.

En quarante et un chapitres (dont six inédits) il s'intéresse aussi bien à la question de la violence et de la vérité, de la tyrannie, à l'esprit de finesse, au divertissement et au juste milieu. Antoine Compagnon nous fait découvrir l'écrivain du miracle et de la grâce dont la pensée permet de mieux nous connaitre.

I. "Cet effrayant génie" :

"Ma nuit chez Maud, l'un des "Contes moraux" d'Eric Rohmer, se passe à Clermont-Ferrand. Il y est beaucoup question de Pascal, né à Clermont. Au début du film, réalisé en 1969, Jean-Louis Trintignant, qui incarne un jeune ingénieur catholique troublé par le désir, feuillette dans une librairie les Œuvres complètes de Pascal.

*Plus tard, chez Maud, jeune femme auprès de laquelle il passera la nuit, la conversation revient à l'auteur des Pensées. Maud rappelle les deux ou trois choses qu'elle sait de lui, celles que se rappelle longtemps après avoir quitté l'école : elle cite le roseau pensant (145-231) et les deux infinis (230-199). Elle aurait pu ajouter le pari (680-418), le nez de Cléopâtre (32-413), 79-46), l'uretère de Cromwell (622-750), ou les reines de village (486-586). Les Pensées renferment tant de formules et d'images inoubliables.

Pascal fut l'un des plus grands virtuoses de la langue française, mais d'abord un mathématicien incomparable et un théologien hors pair.

Nul mieux que Chateaubriand, dans le Génie du christianisme, n'a exprimé l'admiration que Pascal nous inspire et la légende qui l'entoure :

"Il y avait un homme qui, à l'âge de douze ans, avec des barres et des , avait crée les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu'on eût vu depuis l'antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l'entendement ; qui, à vingt-trois ans, démontra les phénomènes de la pesanteur de l'air, et détruisit une des plus grandes erreurs de la physique (l'inexistence du vide) ; qui, à cet âge où les autres commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s'aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu'à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixé la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut par abstraction un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du dieux que de l'homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal"."

 

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