Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Charles Journet, Comme une flèche de feu, Lettres

Cardinal Charles Journet, Comme une flèche de feu, Lettres choisies par Marie-Agnès Cabanne, Préface de Mgr. Pierre Mamie, Le Centurion, 1981

Cardinal Charles Journet (1891-1975) : 

"La vie du cardinal Journet est marquée par un petit nombre d'événements extérieurs. Sa famille, originaire de Meyrin, vivait modestement. Il est né à Genève le 26 janvier 1891. Après des études classiques, il entra au Grand Séminaire de Fribourg en 1913. Ordonné prêtre en 1917, il fut vicaire à Carouge, à Fribourg et à Genève. de 1924 à 1970, il donna des cours au Grand Séminaire de Fribourg. C'est dans ce cadre qu'il édifia son oeuvre théologique. En 1947, Pie XII le nomma prélat. En 1961, l'Université de Fribourg, puis plus tard l'Université Saint-Thomas à Rome, lui décernèrent le titre de docteur honoris causa. C'est le 22 février 1965 que Paul VI le créa cardinal. C'est à ce titre qu'il participa à la quatrième session du IIème Concile du Vatican. Il mourut le 15 avril 1975. Selon son désir, son corps repose dans le cimetière de la Chartreuse de la Valsainte, où il était venu souvent se replonger dans le silence cartusien. Selon la coutume des Chartreux, la tombe est d'un extrême dépouillement : une croix de bois plantée en terre, sans inscription." (p.13)

Liminaire :

"La correspondance spirituelle que Charles Journet a maintenue durant toute sa vie sacerdotale n'a jamais eu d'autre dessein que celui-ci : aider ceux et celles qui venaient se confier à lui à découvrir Jésus, à l'aimer, à vivre de son Evangile et à le servir dans son Eglise à travers les vicissitudes de notre monde. Lui-même l'a évoqué à plusieurs reprises :

"Je n'ai rien à vous expliquer, c'est JESUS qui vous expliquera tout, surtout quand vous aurez été près de lui."

"Je ne peux admettre une certaine attitude où je n'arrive plus à reconnaître l'esprit de l'Evangile."

"Tout n'est que moyen pour se tenir en présence de la Trinité."

Cette finalité est celle du chrétien. C'est pourquoi elle a été adoptée comme principe déterminant pour les choix opérés dans l'immense correspondance spirituelle écrite par Charles Journet durant presque cinquante ans.

C'est à partir d'environ 1 500 lettres écrites entre 1936 et 1975 que les textes publiés ici ont été choisis. Les quelque cinquante destinataires sont des hommes et des femmes de tous les milieux et engagés dans différents états de vie : personnes mariées et célibataires, religieux et moniales, prêtres, jeunes et personnes âgées. La grande majorité est d'origine suisse et française. Quelques correspondants habitent des pays plus lointains. Tous sont en quête d'une lumière authentiquement chrétienne, celle d'en haut, celle de la "grâce qui transforme les choses humaines en choses divines". Pour que brille cette lumière, il a fallu tailler comme on taille dans un diamant sans en détruire l'éclat, sans briser la lumière hors de laquelle le joyau ne serait que pierre terne et banale. Ainsi perçue et accueillie, la publication d'extraits de lettres n'est pas une trahison, mais chaque parole "brille dans la nuit de notre monde."

Dans la mesure du possible, les citations bibliques et les références littéraires ont été indiquées. Enfin, pour faciliter la lecture, des titres ont été ajoutés. Tous s'inspirent de la correspondance de Charles Journet." (Marie-Agnès Cabanne, p.15-16)

Extrait de la préface :

"Le cardinal Journet est mort un matin de printemps, quelques jours après Pâques, vers 11 heures, dans une chambre de l'hôpital cantonal de fribourg en Suisse. C'était le 15 avril 1975. Il avait quatre-vingt-quatre ans.

Qui était ce prêtre ?

"Agneau aux yeux bleus - poussière impossible, diamant lumineux - tête dure, serrée comme la vérité, douceur des anges, tendresse implacable, goutte d'eau qui creuse les rocs, imprenable, paisible, tranquille" (Véra Oumançoff, dans Jacques Maritain, Carnets de Notes, Desclée de Brouwer, Paris, 1965, p.267)

Il a passé presque toute sa vie, de 1924 à 1975, au Grand Séminaire. Il y fut professeur de théologie dogmatique. Il enseignait spécialement le traité de la sainte Trinité et celui de l'incarnation. Son cours était souvent une méditation à haute voix. Il était exigeant, rigoureux, mais patient avec ses étudiants. Il se laissait interroger, il expliquait et réexpliquait, ses mains très fines dessinant souvent le chemin qui vient de Dieu et descend au coeur de sa création. Presque tout, chez lui, partait d'en haut, le regard accompagnant le geste. Son regard bleu tendre et transparent, mais aussi perçant, sans dureté, s'attachait à son vis-à-vis ou paraissait percevoir une réalité à la fois lointaine et intérieure.

Le cardinal Garone décrit :

... la chambre minuscule du grand séminaire de Fribourg où, dans l'invraisemblable entassement des livres empilés partout jusque sur le sol, le cardinal Journet se glisse pour rejoindre sa chaise de bois et l'humble bureau où il lui reste tout juste la place pour écrire. Le visiteur écoute cette voix égale où vibre un amour passionné de la vérité du Christ et de l'Eglise ; il ne pourra plus séparer le souvenir de ce visage et celui de cet entretien dans ce cadre de pauvreté extrême et d'intense labeur." (Cf. revue thomiste, n° spécial, "Un théologien de l'Eglise, le cardinal Charles Journet", 1971, II-III, p.199)

Une tendresse infinie :

"Vous parler de JESUS, je ne saurais pas ; il faudrait avoir un amour tout brûlant, tout passionné de Lui et, en moi, c'est la misère. Il n'y a qu'une seule chose que j'ai éprouvée une fois pour ne plus jamais l'oublier, c'est que c'est LUI qui nous aime, et même quand nous oublions de l'aimer, et que notre amour est dérision. A la mort, il y aura contre nos trahisons le cri de saint Paul : "Il m'a aimé et il s'est livré pour moi" (Galates, 2,20)

Et dès que je tourne mon coeur vers Lui, je vois que le regard de ses yeux était sur moi.

Oui, cet amour de Jésus qui vient sur nous comme une flèche de feu, et dont on est d'autant plus sûr qu'on se sent soi-même indigne, je le sens comme vous. je n'ose plus dire que je l'aime - l'aimer ce serait être un saint. Mais je sais qu'il m'aime, et c'est dans cette vue que je retrouve le mot de l'Ecriture avec un sens nouveau : "C'est Lui le premier qui nous a aimés" (1, Jean 4,10) (p.19)"

Mon avis  :

Il y a les livre qu'on lit et les livres qui lisent en vous, comme il y a des livres que l'on range dans sa bibliothèque, et d'autres, très rares, qui ne quittent pas notre table de chevet...

Selon Goethe, la vérité a beau être éternelle et universelle, elle ne se dévoile que dans le temps et à chaque homme en particulier. En ce qui me concerne,  c'est sur le tard que j'ai découvert les écrits du cardinal Journet et que je me suis senti un peu plus à même de les "lire", au sens pascalien du terme.

Ce recueil de lettres d'une confondante acuité spirituelle, auquel on ne peut comparer que La Pesanteur et la Grâce de Simone Weil est un rayon de lumière pour tout homme de bonne volonté, qu'il soit croyant ou incroyant.

Mais comme ne cesse de l'affirmer ce grand mystique que fut le cardinal Journet, ne sommes-nous pas tous, tant que nous sommes,  des "incroyants"  ou des "mal croyants", qui ne sommes sauvés que par l'Amour... A l'avant-dernier instant ? 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :