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Compte-rendu d'une conférence donnée par Monsieur le pasteur Jean-Arnold de Clermont, à la maison diocésaine de Bourges dans le cadre du 450ème anniversaire de l’installation des protestants à Bourges (1556-2006).

 

Elle fut suivie par une centaine de personnes, parmi lesquelles beaucoup d’amis catholiques et plusieurs prêtres du diocèse de Bourges.

 

Il y a 450 ans, Bourges était le siège d’une célèbre université où l’on venait étudier de toute l’Europe. Calvin la fréquenta de 1529 à 1531 et les étudiants étaient particulièrement sensibles aux idées nouvelles. Vers 1562, les protestants étant majoritaires à Bourges, il leur arriva de célébrer des offices dans la cathédrale. Puis il y eut la réaction du pouvoir royal...

 

Heureusement, les haines se sont apaisées depuis longtemps et font partie d’une histoire révolue. « Le rapprochement entre catholiques et protestants a été officialisé par Vatican II, commente Jacques Bistour, président de l’association cultuelle protestante de Bourges,  mais il date de l’après-guerre. La guerre a appris aux protestants et aux catholiques à se reconnaître frères et sœurs. »

 

 « Mgr. Barbier, retenu à Lourdes pour la conférence épiscopale, nous a dit son regret de ne pouvoir être présent et nous a assurés du soutien de sa prière. L’archevêque de Bourges, ainsi que de nombreux prêtres catholiques du diocèse nous ont soutenus et accompagnés depuis le début de la célébration de cet anniversaire, au mois de septembre », se réjouit de son côté Jean-Luc Blanc pasteur de l’Eglise réformée de Bourges. « Cette célébration nous a incités à nous tourner vers un avenir d’amitié et de dialogue plutôt que vers un passé de rejet et d’incompréhension »

 

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont s’est situé en tant que témoin de l’Evangile qui apportait, à ce titre, une « parole de conviction » et non une vision purement théorique. Il a défini trois fonctions de l’Eglise : une fonction « prophétique » d’annonce de la Parole : même si sa parole ne peut suffire à transformer le monde, le chrétien doit en dénoncer les dysfonctionnements…Une fonction « diaconale » : le chrétien porteur de cette parole prophétique doit la mettre en pratique à travers des actions d’entraide et de service. Enfin une fonction « éducative » : la conviction et la bonne volonté ne suffisent pas. Pour être vraiment témoin, il faut être formé et compétent.

 

Il a ensuite rappelé la valeur de la laïcité en tant que cadre juridique et la nécessité de rappeler le droit et la justice à chaque fois qu’il y avait des situations de discrimination. Il a également affirmé, à l’encontre d’une conception erronée de la laïcité, la légitimité de la présence des institutions religieuses dans l’espace public : « Les Eglises doivent participer au débat public et s’exprimer sur les thèmes qui impliquent l’avenir de la société : la famille,  le développement durable, la pauvreté, l’immigration... »

 

Il a évoqué tour à tour l’élargissement de la fédération protestante en direction des Eglises évangéliques, la nécessité d’une vigilance rigoureuse mais équitable des pouvoirs publics vis-à-vis des sectes, la diversité des relations entre les Eglises et l’Etat dans les différents pays de la Communauté européenne, le risque du récent projet de Loi de rendre plus dramatique encore la situation des immigrés, la place de l’Islam « qui doit choisi entre deux statuts : celui d’association culturelle et celui d’association cultuelle et entrer pleinement, à son tour, dans l’espace ouvert par la laïcité".

 

Interrogé sur la situation au Proche Orient, le pasteur Jean-Arnold de Clermont a indiqué qu’il s’était rendu au Liban trois jours avant le cessez-le-feu avec Mgr. Aubertin, archevêque de Tours et une délégation œcuménique pour témoigner auprès des populations de la sollicitude des Eglises du monde entier. Il a parlé « d’une situation particulièrement éprouvante pour des gens qui voient après des années de reconstruction leur pays détruit par les bombes » et souligné « la disproportion entre l’énormité des destructions et les événements qui les ont provoquées ». Il a indiqué enfin que la solution ne résidait pas dans une guerre à outrance (« Là où la force n’a pas réussi plus de force ne réussira pas davantage »), mais dans une « démilitarisation des conceptions politiques » et dans la négociation.

 

Il a montré à chaque fois comment, dans chaque situation particulière, à la lumière de la Parole de Justice et d’Amour du Christ sauveur et Seigneur, garante de la justice et du droit, pouvaient et devaient s’exercer ces trois fonctions essentielles de l’Eglise : comprendre, annoncer et agir.

 

 

                                                        

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