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Harry Kemelman, On soupçonne le rabbin (Friday, the Rabbi slept late), traduit de l'américain par Raymond Albeck, Christian Bourgois éditeur, série Grands Détectives dirigée par Jean-Claude Zylberstein.

 

"Publié en 1965, On soupçonne le rabbin valut à son auteur le Prix Edgar Poe du meilleur roman. Le héros de ce livre (et ce ceux qui l'ont suivi) est le rabbin David Small. Accusé de meurtre, ce chef religieux d'une petite communauté juive des environs de Boston se trouve contraint de mettre son bon sens, le pilpoul* et la sagesse des écritures saintes au service de la Justice. Ainsi, est-il devenu, pour des millions de lecteurs à travers le monde, le digne émule du Père Brown, le célèbre héros de Chesterton."

 

*pilpoul : argumentation subtile, dialectique talmudique

 

"On aurait pu croire épuisée la galerie de personnages pittoresques utliisés par les auteurs de romans policiers. Eh bien, on se trompait. Trente ans après que le bouillonnant cerveau de Chesterton eut enfanté le célèbre Père Brown, Harry Kemelman invente David Small, le rabbin-détective, qui allie à des qualités d'homme du XXème siècle les vertus traditionnelles d'un sage. Il connaît notamment son Talmud sur le bout des doigts, et cette science lui permettra de venir à bout de ses difficultés. Un "policier "vraiment pas comme les autres. (J.C.Z., Lui, 1973)

 

"Le rabbin hocha lentement la tête, puis semblant passer à un autre sujet :

- Connaissez-vous notre Talmud ?

- C'est votre livre des lois, n'est-ce pas ? Est-ce que cela aurait un rapport avec notre affaire ?

- On ne peut pas dire que c'est exactement un code. Le Code juif, c'est le Pentateuque. Non, c'est un commentaire de la Loi, du Code. Je ne pense pas que notre affaire en relève, mais on ne peut être sûr du contraire car le Talmud contient à peu près tout. Je ne pensais pas pour l'instant à son contenu, mais à sa méthode d'enseignement. Lorsque j'ai commencé mes études à l'école religieuse - l'hébreu, la grammaire, la littérature, les Ecritures - je n'ai pas trouvé de différence avec une école ordinaire, c'est-à-dire que nous étions assis à des pupitres et le professeur à sa chaire. Il écrivait au tableau noir, il nous posait des questions, il nous donnait des leçons à apprendre chez nous et nous les faisait réciter en classe. Mais lorsque je suis arrivé au Talmud, tout a changé. Imaginez une grande table autour de laquelle prennent place les étudiants. Le professeur préside. En l'occurrence, c'était un homme âgé avec une longue barbe patriarcale. On lisait un passage, une brève stipulation de la Loi. Puis suivaient les objections, les explications, les arguments des anciens rabbins qui se sont efforcés d'interpréter le texte. Et avant même de savoir ce que nous faisions, nous ajoutions les nôtres, oui, nos propres arguments, nos propres objections, des distinctions de coupeur de cheveu en quatre, des tours qu'on eût dit de passe-passe, mais fondés sur une logique irréfutable, ce que nous appelons le "pilpoul". Parfois, le professeur s'acharnait à défendre un point de vue, tandis que nous le bombardions de questions, de contradictions. Imaginez un ours harcelé par une meute de chiens aboyants et qui n'en envoie bouler un que pour recevoir le choc d'un autre. Car à peine commencez-vous à discuter que des idées toujours nouvelles se présentent à vous. Je me rappelle l'un des premiers passages que j'ai étudiés de la sorte : comment estimer les dommages causés par une étincelle qui s'échappe sous le marteau d'un forgeron ? Nous avons passé deux semaines sur ce cas, et nous l'avons quitté à regret, avec le sentiment que nous avions à peine effleuré la question. Le Talmud a eu une influence prodigieuse sur nous. Nos grands érudits ont consacré leur vie à son étude, non pas à cause du rapport que pouvaient avoir une interprétation exacte de notre Loi et le monde dans lequel ils vivaient, car bien des stipulations sont devenues depuis lettre morte, mais parce que cet exercice mental les a fascinés. Il les dressait  à puiser  dans leur esprit des idées de toutes sortes...

- Et vous voudriez utiliser cette méthode dans le cas qui nous intéresse ?

- Pourquoi pas ? ..."

(Harry Kemelman, On soupçonne le rabbin, pp. 188-189)

 

 

 

Diplômé de Harvard, Harry Kemelman fut professeur de Lettres au State College de Boston, ville où il naquit le 24 novembre 1908. A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, il renonça momentanément à l'enseignement pour travailler dans l'industrie privée, mais il finit par revenir à ses élèves.

Le succès de son premier livre publié en 1965, On soupçonne le rabbin l'encouragea à lui donner une suite en 1966, Samedi, le rabbin a jeûné, puis une autre encore en 1969, Dimanche, le rabbin est resté chez lui.

Il a publié aussi un certain nombre de nouvelles dans l'édition américaine de Mystère-Magazine, qui ont été réunis en un volume portant le titre de la plus célèbre d'entre elles, The nine mile Walk, qui figure dans plusieurs anthologies des meilleures histoires policières.

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