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Michael Innes, Un cas d'école (Death at the President's Lodging), traduit de l'anglais par Thierry Arson, 10/18 Grands Détectives

 

Le Président du college St. Anthony, le Dr. Umpleby,  est retrouvé dans son bureau, le front percé d'une balle, un crâne humain posé près de sa tête emmaillotée par une toge.  Pour compléter cette mise en scène macâbre, des petits tas d'ossements ont été répandus autour du corps et deux têtes de mort tracées à la craie sur les lambris surmontant la cheminée.

L'inspecteur Appleby, de Scotland Yard (ancien étudiant de St. Anthony, comme on l'apprend par la suite) est envoyé sur place pour enquêter sur le meurtre. Il sera confronté à une coterie strictement codifiée, mais assez trouble, d'érudits aussi retors que fantasques.

L'enquête de l'inspecteur Appleby commence, il faut bien le dire par un fiasco : Appleby repère bien le coffre-fort du Dr. Umpleby,  dissimulé derrière une fausse bibliothèque, mais néglige de le faire ouvrir et de faire garder le bureau et il se fait assommer et voler des clés pendant une ronde nocturne.

Et tandis que trois jeunes fellows aventureux mènent leur propre enquête au risque de résoudre le problème à sa place, le Pr. Gott, également connu sous le pseudonyme d'un célèbre auteur de romans policiers (mais qui n'en fait pas moins partie de la liste des suspects) s'offre à lui donner un coup de main...

John Innes Mackintosh Stewart (Edimbourg, Ecosse, 30 septembre 1906 - Londres, 12 novembre 1994) est un écrivain écossais et un professeur de littérature, surtout connu pour ses romans policiers publiés sous le pseudonyme de Michael Innes.

Il a crée un personnage à son image, érudit et caustique : sir John Appleby qui évolue dans l'univers de la bonne société britannique des années 30 et 40, peuplé de figures délicieuses, mais retorses où le crime devient un véritable jeu de société.

Dans Un cas d'école, publié en 1936, apparaît pour la première fois l'inspecteur John Appleby, héros récurrent d'une série qui comptera à son terme, en 1986, quelque cinquante romans policiers et plusieurs douzaines de nouvelles.

En 1937, la deuxième enquête de l'inspecteur Appleby, La Vengeance d'Hamlet (1937), accentue la présence de références livresques au sein d'une intrigue bien menée ; un trait distinctif de cet auteur de whodunit admis au prestigieux Detection Club en 1949.

L'expérience universitaire de Michael Innes confère à ses romans une touche particulière. S'il emploie les procédés courants du genre, la psychologie de ses personnages, le décor et les intrigues, sont plus proches de ceux d'Henry James que d'Agatha Christie. 

Citation :

"- Qui aurait pu dire, Mr. Appleby, que c'est vous qui seriez envoyé à St. Anthony ? Aucun d'entre nous n'aurait pu croire qu'il existait une telle personne - hors les inepties de Gott (auteur de romans policiers)... Dites-moi, quand êtes-vous venu ici auparavant ?

Appelby répondit à cette question inattendue sans entrain, mais avec franchise :

- il y a huit ans.

- Bien sûr ! C'est évident ! Une tête bien remplie, qui a bénéficié du bon entraînement. Mais en parlant de conduite changeante... Qu'en est-il des changements dans les conditions sociales ? De notre point de vue, vous savez, vous êtes vous-même l'élément le plus singulier de toute cette affaire..."

Mon avis sur le roman :

J'ai déjà rendu compte sur ce blog d'un autre (excellent) roman de Michael Innes : La revanche d'Hamlet qui se déroule dans la haute société britannique pendant la période de l'entre deux guerres.

Mais alors que  Et la brume et la neige (There Came Both Mist and Snow ou A Comedy of Terrors, 1940), publié en français sous le titre Et la brume et la neige (Paris, 10/18, Grands Détectives) m'était tombé des mains au milieu d'une interminable entrée en matière dans laquelle Innes se pastiche lui-même pastichant Henry James (je n'en ai pas rendu compte, faute d'être allé au bout), Cas d'Ecole entre tout de suite dans le vif du sujet.

Le cadre du roman est un vénérable "college" anglais peuplé d'intellectuels aussi brillants que fantasques.

L'intérêt principal n'est pas tant dans l'intrigue ou  dans la résolution du problème que dans l'analyse "ethnographique" des us et coutumes d'une tribu exotique particulièrement étrange, celle des universitaires anglais des années 30.

Cas d'Ecole est une tragi-comédie des erreurs où la figure dominante est le "quiproquo" : un tel a vu telle ou telle chose et en déduit (en général faussement) que le coupable est untel qui a vu telle ou telle autre chose et en déduit que c'est untel, etc.

Le quiproquo est favorisé par le type de société close, essentiellement composée de célibataires qu'est St. Anthony et par un excès d'intellectualisme et ce n'est pas un hasard si la lumière vient d'un professeur secrètement marié, qui entre et sort à sa guise du "sous-marin"  et ne fait pas intégralement partie de la "tribu".

Il n'y a, malgré les apparences, qu'un seul assassin et le "modus operandi" est d'une simplicité enfantine, mais un certain nombre de personnes, animées des meilleures intentions du monde se sont employées à embrouiller les choses et il faudra toute la patience et l'ingéniosité de l'inspecteur Appleby pour dénouer l'imbroglio.

Malgré une écriture un peu surranée et la verbosité pompeuse de certains personnages, Cas d'Ecole est un véritable régal pour les amateurs de romans à énigmes et d'ambiance british !

 

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