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Pascal Ide, Le Burn out, une maladie du don, le comprendre, le reconnaître, le traiter, Editions Emmanuel, Quasar, 2015

Table des matières : Inroduction - I. Brève histoire du burn-out - II. Qu'est-ce que le burn-out ? III. Le burn-out, une maladie du don - IV. Le don, une valse - V. Traiter le burn-out - VI. Reconnaître le burn-out pour le prévenir - VII. Apprendre à recevoir - VIII. Apprendre à s'approprier - IX. Réapprendre à donner - Conclusion - Bibliographie - Notes

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Pascal Ide est prêtre de l'Emmanuel (diocèse de Paris). Il est docteur en médecine, en philosophie et en théologie. bénéficiant d'une longue expérience d'accompagnement des personnes, il conjugue les approches psychologique, philosophique et théologique. Parmi ses ouvrages : Des ressources pour guérir, Comparer et évaluer quelques nouvelles thérapeutiques : hypnose éricksonienne, EMDR, cohérence cardiaque, EFT, Tipi, CNV, kaizen (DDB), Mieux se connaître pour mieux s'aimer (Fayard) et Connaître ses blessures (Emmanuel)

 

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"Le burn-out, tout le monde en a entendu parler et sait qu'il se manifeste par l'épuisement. Mais tout le monde ne connaît pas ses deux autres signes : la dépersonnalisation et la diminution de l'accomplissement personnel.

 
Les chercheurs ont montré que cette maladie moderne touche plus particulièrement les personnes généreuses (soignants, éducateurs, prêtres, etc.). Est-ce à dire que pour éviter le burn-out, il faudrait renoncer à aider les autres ?
 
Se fondant sur de nombreuses études et sur son expérience d'accompagnement, Pascal Ide donne d'abord des clés précises pour comprendre et reconnaître le burn-out. Il élabore ensuite une dynamique du don en trois temps - recevoir, s'approprier, donner - et propose des moyens et des exercices concrets pour guérir de cette "maladie du don" qui nous guette tous.
 
Et s'il s'agissait non pas de moins donner, mais de mieux donner ?
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Notes de lecture:
 
"L'âme qui brûle d'amour ne fatigue ni ne se fatigue." (Saint Jean de la Croix)
 
Brève histoire du burn-out :
 
"Si l'état d'épuisement est connu depuis longtemps par des cliniciens, le terme de burn-out est introduit pour la première fois, semble-t-il, par Bradley en 1969, "pour qualifier les personnes présentant un stress particulier et massif en raison de leur travail". Mais le vocable ne prend une connotation scientifique que suite aux contributions décisives de deux chercheurs : J. Freudenberger (1927-1999) et Christina Maslach." (p.17)
 
"Le terme "burn-out" (ou burnout) vient de l'anglais to burn out, qui signifie, au sens propre, "griller" (par exemple, pour une prise électrique) et, au sens figuré, "brûler", "s'user", "s'épuiser". Il désigne notamment l'état d'une bougie qui, après avoir éclairé longtemps, n'offre plus qu'une flamme tremblottante prête à s'éteindre au moindre souffle. Freudenberger l'a emprunté au vocabulaire des toxicomanes - comme eux, ces workaholics que sont souvent les personnes en BO sont intoxiqués et comme brûlés, incendiés - et Maslach à celui des avocats. Chaque fois, il s'agit d'une "maladie du trop". (p.23)
 
La définition :
 
"La définition la plus souvent citée vient de l'ouvrage de Maslach et Jackson : "Le BO est un syndrome d'épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de diminution de l'accomplissement personnel qui peut survenir chez les individus qui travaillent." Une autre définition, plus large, ne limite pas le BO aux seuls symptômes psychologiques. Selon elle, le BO est "un état d'épuisement physique, émotionnel et mental, causé par une implication sur le long terme dans des situations émotionnellement exigeantes". On constatera que, à chaque fois, il s'agit non pas de définitions, mais de descriptions qui regroupent les signes. Aussi parle-t-on du BO non pas comme d'une maladie, mais comme d'un syndrome, c'est-à-dire d'un ensemble organique de symptômes. (p.24)
 
Il existe aujourd'hui un consensus presque général autour des trois signes caractéristriques du BO :
 
  • L'épuisement émotionnel
  • La dépersonnalisation
  • La diminution de l'accomplissement personnel

L'auteur précise les manifestations émotionnelles, cognitives, somatiques, motivationnelles et comportementales, du burn out, les sujets à risques, les formes et les étapes, les ressemblances et les différences entre le BO, le stress, la fatigue chronique et la dépresson.

 
L'hypothèse de l'auteur :
 
Le BO est un ratage, une maladie du don. (p.43 et 60)
 
Le modèle théologique de l'acédie
 
LE BO est la forme moderne, sécularisée de l'acédie. (p.49)
 
"L'akédia grecque, rendue en latin par acedia et traduite en français par "acédie", fut d'abord, chez les Pères du désert, la tristesse et la lassitude qui étreignent l'ermite ou le moine dans les exercices quotidiens l'unissant à Dieu. L'acédie fut progressivement élargie à tout fidèle qui cherche Dieu pour s'identifier à un dégoût, à une tristesse paradoxale éprouvée en présence de ce qui devrait nous procurer de la joie : le Bien par excellence qu'est Dieu." (p.49)
 
L'image de la vasque
 
"L'homme est comme une vasque. Il n'est ni une citerne dont l'eau n'a ni origine ni destination ; ni un robinet qui distribue l'eau sans se remplir (et donc s'épuise, ce qui ouvre au BO) ; ni un canal qui ne reçoit l'eau que pour aussitôt la redonner. Il est une vasque : il reçoit l'eau, celle-ci le remplit et seulement alors il se répand sur autrui par surabondance. Cette dernière image a été développée avec bonheur par saint Bernard de Clairvaux dans un de ses sermons sur le Cantique des Cantiques. Deux phrases la résument :
 
"Un canal reçoit l'eau et la répand presque tout de suite. Une vasque (conque), en revanche, attend d'être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort (...) La charité veut cette abondance pour soi-même, afin de pouvoir la partager avec tous ; elle en garde pour soi une mesure suffisante."
 
La phrase la plus importante du concile Vatican II
 
"Cette anthropologie du don ternaire est confirmée de façon inattendue par le concile Vatican II, dans un passage de la Constitution pastorale Gaudium et spes. Il s'agit de la phrase du concile que Jean-Paul II cite le plus souvent et de la manière la plus constante durant son long pontificat. C'est dire son importance. En voici le texte dans une traduction retouchée :
 
(...) l'homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver lui-même que par le don sincère de lui-même.
 
Ce passage assez simple mais d'une extraordinaire densité "présente d'une manière synthétique l'ensemble de la vérité sur l'homme et sur la femme". Or, non seulement il est tout entier centré sur le don, mais il épouse la rythmique ternaire :
 
  • La réception :  "L'homme voulu pour lui-même" par Dieu, c'est-à-dire recevant son être de Dieu
  • L'appropriation :  : "l'homme se trouve lui-même", c'est-à-dire se possède, en intériorisant le don.
  • La donation : "l'homme se donne lui-même."
 
"La conception du don ici proposée s'est déployée dans le cadre de la Révélation judéo-chrétienne. Voilà pourquoi elle se prononce aussi résolument en faveur de la gratuité, c'est-à-dire de la capacité qu'a l'homme de poser effectivement- et pas seulement idéalement - des actes authentiquement désintéressés. Toutefois, il est aussi possible de développer systématiquement cette conception d'un point de vue non religieux, philosophique, voire de la conforter par un certain nombre d'études en sciences sociales, en particulier sur les comportements prosociaux." (p. 60)
 
Le BO et le modèle de l'amour-don
 
"Mon hypothèse est que le BO gagne à être analysé à partir du modèle de l'amour-don. Le pré-BO ou le BO vient précisément de ce que la personne s'est donnée. Est-ce à dire qu'elle s'est trop donnée ? Non ! Elle s'est mal donnée. Et ce mal-don, ce don pathologique est triple :
  • Elle n'a pas assez pris conscience qu'elle s'épuisait, ne s'est pas assez ressourcée, donc n'a pas assez reçu par rapport à ce qu'elle donnait ;
  • Elle ne s'est pas assez appropriée les dons dont elle a bénéficié, par exemple, elle n'a pas assez gardé en mémoire les signes de reconnaissance, et souffre aussi (et ainsi) d'un déficit de confiance en soi et d'estime de soi ;
  • Elle n'a pas donné en vérité, mais a secrètement fini par chercher un retour et à compter, avec une amertume et un cynisme grandissant tous les manques de gratitude." (p.61)

Prévenir le burn-out

Dans les chapitres suivants, Pascal Ide donne au lecteur des conseils pour éviter le burn out ou pour en guérir :

Apprendre à recevoir avant de donner, consentir à ses limites, prendre soin de soi, prendre soin de son sommeil qui est un don à respecter, savoir se détendre (l'eutrapélie), respecter le rythme ternaire de la vie, prendre soin de son alimentation, faire un peu de sport, apprendre à s'approprier, faire mémoire, pratiquer la reconnaisance, intégrer l'échec, nourrir l'estime de soi...

Guérir du burn out

... réapprendre à donner, abaisser le niveau d'idéalisation, veiller à la pureté du don, combattre la tristesse spirituelle (la tristesse de l'acédie, la tristesse jalouse), se donner avec prudence, discernement et confiance...

Le dernier chapitre et la conclusion concerne les institutions (Entreprises, hôpitaux, écoles...) et l'Eglise : "Si les études sur le BO accordent une place à mon avis trop importante aux facteurs (et donc aux remèdes) institutionnels, il ne faudrait pas, en sens inverse, négliger la part liée à l'institution. Un prêtre, un religieux, un agent pastoral qui tombent en BO doivent conduire l'institution à s'interroger sur sa part de responsabilité et la mise en place de moyens prophylactiques - qui ne pourront toutefois jamais se substituer à la libre responsabilité de la personne." (p.144)

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Henry Graham Greene ( à Berkhamsted, dans le comté de Hertfordshire, en Angleterre - ) est un écrivain britannique. Il a écrit des romans, des nouvelles, des récits de voyage et des critiques dans lesquels il explore l'ambivalence morale et politique du monde moderne et s'interroge sur le catholicisme.

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"Adressons-nous enfin à ceux qui ont traversé la grande épreuve du BO. Nous avons émis l'hypothèse que le terme "burn-out" a vu le jour dans une oeuvre de fiction de Graham Green, A Burnt-Out Case.

Elle raconte l'histoire de Querry, un architecte mondialement réputé qui construit des églises et a perdu la foi en Dieu, mais aussi la foi dans sa vocation d'homme de l'art. Il devient une sorte de mort-vivant dégoûté de tout. Pour échapper à cette acédie généralisée, il fuit et échoue au Congo belge, dans une léproserie. Au début il observe, puis il se transforme au contact des malades, des religieux belges et d'un médecin athée. Il cherche alors à se rendre utile auprès des lépreux et à soigner ainsi son taedium vitae, son dégoût de la vie.

Bien évidemment, nous sommes face à un cas typique de BO, avec sa triple symptomatologie : épuisement émotionnel, cynisme et inaccomplissement personnel. D'ailleurs acédie et BO convergent. Lorsqu'il a fait le voyage en Afrique en quête d'un héros crédible pour son roman, Greene a noté dans son Journal qu'il avait l'idée d'un homme "épuisé par sa vocation" professionnelle et atteint "d'une espèce de lassitude sensuelle".

Or, et c'est le point qui nous intéresse, c'est au moment où le héros touche le point le plus bas qu'advient la rédemption la plus haute..." (p.146-47)

"De fait, toutes les personnes que j'ai rencontrées ayant fait un (ou plusieurs) BO sérieux et s'en étant sorties, m'ont dit combien celui-ci fut une grande épreuve sur le coup, mais aussi, avec le recul, l'occasion de relire leur existence, de grandir en vérité, donc en humilité et en libre dépendance à l'égard de Dieu, et de progresser dans la charité authentique." (p.147)

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

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