Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Henri Bergson, Le Rire

Henri Bergson, Le Rire, Essai sur la signification du comique, présentation, Notes, Dossier, Chronologie, Bibliographie  par Daniel Grojnowski et Henri Scepi, Edition établie sous la direction de Paul-Antoine Miquel, GF Flammarion, 2013 

Table :

Note sur l'Edition des oeuvres de Bergson dans la  collection GF - Présentation - Note sur cette Edition - Le Rire : Préface - Chapitre premier : "Du comique en général, Le comique des formes et le comique des mouvements" - "Force d'expansion du comique" - Chapitre II : "Le comique de situation et le comique de mots" - Chapitre III : "Le comique de caractère" - Appendice de la vingt-troisième édition - Notes 

Dossier :

I. Bergson et le rire. 1884 : compte-rendu d'une conférence de Bergson sur le rire - 1900 : Lettre de Bergson à Lionel Dauriac - 1903 : compte-rendu par Bergson de l'ouvrage de James Sully, An essai on Laughter ; its Forms ; its Causes, its development and its Value - 14 octobre1904 : Réponse de Bergson à Emile Faguet - 1919 : Réponse de Bergson à Yves Delage - 1930 : Jean Vertex, "Ce que nous dit M. Henri Bergson du rire au spectacle"

2. Le rire en images - L'exemple d'un dessin de Plantu à la "Une" du Monde - Le comique de "l'humour" : un dessin de Sempé - Chronologie - Bibliographie

Quatrième de couverture : 

"Pourquoi rions-nous de voir quelqu'un trébucher ? Pour quelles raisons  Molière continue-t-il de nous amuser ? Comment expliquer qu'un jeu de mots ou un trait d'esprit prêtent à sourire ? Dans Le Rire qu'il publie en 1900, Bergson apporte à ces questions des réponses décisives. S'appuyant sur des exemples quotidiens et de nombreuses références littéraires, il décrypte les formes du comique pour y déceler un ressort commun : "l'interférence de deux séries", c'est-à-dire la présence simultanée de deux éléments distincts ou incompatibles. Au passage, il nemanque pas d'analyser le rôle social ambivalent d'un réflexe qui tout à la fois manifeste l'élan vital et brime les comportements hors norme. Si cette oeuvre, qui doit beaucoup à une tradition classique, méconnaît les manifestations trangressives, sombres, ludiques ou absurdes, du rire, elle n'en demeure pas moins capitale pour qui veut comprendre le "propre de l'homme".

Notes de lecture :

Chapitre premier : "Du comique en général - le comique des formes et le comique des mouvements - Force d'expansion du comique : 

"Que signifie le rire ? Qu'y a-t-il au fond du risible ? Que trouverait-on de commun entre une grimace de pitre, un jeu de mots, un quiproquo de vaudeville, une scène de fine comédie ? Quelle distillation nous donnera l'essence, toujours la même, à laquelle tant de produits divers empruntent leur indiscrète odeur ou leur parfum délicat ? Les plus grands penseurs, depuis Aristote, se sont attaqués à ce petit problème, qui toujours se dérobe sous l'effort, glisse, s'échappe, se redresse, impertinent défi jeté à la spéculation philosophique." (p.61)

"Il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain" (p.62)

"Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l'insensibilité qui accompagne d'ordinaire le rire. Il semble que le comique ne puisse produire son ébranlement qu'à la condition de tomber sur une surface d'âme bien calme, bien unie. L'indifférence est son milieu naturel. Le rire n'a pas de plus grand ennemi que l'émotion." (p.63)

"Le comique exige donc enfin pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du coeur. Il s'adresse à l'intelligence pure." (p.64)

"Seulement cette intelligence doit rester en contact avec d'autres intelligences. Voilà le troisième fait sur lequel nous désirions attirer l'attention. On ne goûterait pas le comique si l'on se sentait isolé." (p.64)

"Peut devenir comique toute difformité qu'une personne bien conformée arriverait à contrefaire." (p.74)

"Les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l'exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique." (p.78)

"Nous sommes à un de ces carrefours. Du mécanique plaqué sur du vivant, voilà une croix où il faut s'arrêter, image centrale d'où l'imagination rayonne dans des directions divergentes." (p.83)

"Est comique tout incident qui appelle notre attention sur le physique d'une personne alors que le moral est en cause." (p.91)

"Elargissons maintenant cette image : le corps prenant le pas sur l'âme. Nous allons obtenir quelque chose de plus général : la forme voulant primer le fond, la lettre cherchant chicane à l'esprit. Ne serait-ce pas cette idée que la comédie cherche à suggérer quand elle ridiculise une profession ?" (p. 92)

"Nous rions toutes les fois qu'une personne nous donne l'impression d'une chose." (p.95)

Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots

"Est comique tout arrangement d'actes et d'événements qui nous donne, insérés l'une dans l'autre, l'illusion de la vie et la sensation nette d'un agencement mécanique." (p.102)

Les procédés du comique de situation : le pantin à ficelles, le diable à ressort, la boule de neige

Les procédés du comique mots : la répétion, l'inversion, l'interférence des séries

"Le comique est ce côté de la personne par lequel elle ressemble à une chose, cet aspect des événements humains qui imite, par sa raideur d'un genre tout particulier, le mécanisme pur et simple, l'automatisme, enfin le mouvement sans la vie. Il exprime donc une imperfection individuelle et collective qui appelle la correction immédiate. Le rire est cette correction même. Le rire est un certain geste social, qui souligne et réprime une certaine distraction spéciale des hommes et des événements;" (p.113)

"Une situation est toujours comique quand elle appartient en même temps à deux séries d'événements absolument indépendants et qu'elle peut s'interpéter à la fois dans deux sens tout différents"(p.119)

"On obtiendra du comique en insérant une idée absurde dans un moule de phrase consacré" (p.128)

"On obtient un effet de comique quand on affecte d'entendre une expression au propre, alors qu'elle était employée au figuré. Ou encore : Dès que notre attention se concentre sur la matérialité d'une métaphore, l'idée exprimée devient comique" (p.130)

Exemple : "Il court après l'esprit - Je parie pour l'esprit" (p.131)

"L'esprit consiste souvent à prolonger l'idée d'un interlocuteur jusqu'au point où il exprimerait le contraire de sa pensée et où il viendrait se faire prendre lui-même, pour ainsi dire, au piège de son discours" (p.131)

"On obtiendra un effet comique en transposant l'expression naturelle d'une idée dans un autre ton" (p.135)

Chapitre III. Le comique de caractère

"Pour se distinguer de la tragédie, pour nous empêcher de prendre l'action au sérieux, la comédie dirige plutôt notre attention sur les gestes au lieu de la concentrer sur les actes" (p.147)

"En résumé, si on laisse de côté, dans la personne humaine, ce qui intéresse notre sensibilité et réussit à nous émouvoir, le reste pourra devenir comique, et le comique sera en raison directe de la part de raideur qui s'y manifestera" (p.150)

"(...) Une personne n'est jamais ridicule que par une disposition qui ressemble à une distraction, par quelque chose qui vit sur elle sans s'organiser avec elle, à la manière d'un parasite: voilà pourquoi cette disposition s'observe du dehors, et peut aussi se corriger" (p.164)

"(...) La comédie est mitoyenne entre l'art et la vie. Elle n'est pas désintéressée comme l'art pur. En organisant le rire, elle suit même une des impulsions de la vie sociale. Et sur ce point elle tourne le dos à l'art, qui est une rupture avec la société et un retour à la simple nature" (p.164)

(...) Le personnage comique pèche par obstination d'esprit ou de caractère, par distraction, par automatisme. Il y a au fond du comique une raideur d'un certain genre, qui  fait qu'on va droit son chemin, et qu'on n'écoute pas, et qu'on ne veut rien entendre" (p.173)

"L'absurdité comique est de même nature que celle des rêves" (p.174)

(...) Le rire ne peut pas être absolument juste. Répétons qu'il ne doit pas non plus être bon. Il a pour fonction d'intimider en humiliant. Il n'y réussirait pas si la nature n'avait laissé à cet effet, dans les meilleurs d'entre les hommes, un petit fonds de méchanceté, ou tout au moins de malice" (p.181)

"Ici, comme ailleurs, la nature a utilisé le mal en vue du bien. C'est le bien surtout qui nous a préoccupé dans toute cette étude. Il nous a paru que la société, à mesure qu'elle se perfectionnait, obtenait de ses membres une souplesse d'adaptation de plus en plus grande, qu'elle tendait à s'équilibrer de mieux en mieux au fond, qu'elle chassait de plus en plus à sa surface les perturbations inséparables d'une si grande masse, et que le rire accomplissait une fonction utile en soulignant la forme de ces ondulations" (p.181)

Le point devue de Frédéric Worms  : "La conciliation de la liberté individuelle avec les règles morales et sociales paraît (même) si difficile qu'elle est punie, en cas d'échec, par l'effet de comique que décrit si finement, mais aussi si durement Bergson, dans son célèbre ouvrage sur Le Rire, paru sous forme d'articles, puis de livre en 1900. On ne doit pas y voir seulement une fine étude psychologique du "mécanique plaqué sur du vivant", servie par une grande variété d'exemples : c'est le rôle social du rire comme châtiment des écarts individuels que Bergson y décrit avec force. Certes, Bergson y écrit aussi que "tout le sérieux de la vie vient de notre liberté", mais dès que celle-ci manque aux exigences vitales et sociales, elle devient comique et ridicule. Ainsi Bergson, semble-t-il conduit, en vertu d'abord de sa méthode, non seulement à une doctrine de la liberté indépendante de tout jugement moral, mais aussi à un respect pragmatique des exigences de la vie et de la société." (Frédéric Worms, Bergson, PUF, colection Quadrige, 2002, p.207-208)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :