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Irvin Yalom, Le problème Spinoza
Irvin Yalom, Le problème Spinoza

Irvin Yalom, Le Problème Spinoza (The Spinoza Problem), roman traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sylvette Gleize, Le Livre de Poche, 2012

L'auteur :

Professeur émérite de psychiatrie à Stanford, irvin Yalom est l'auteur, entre fiction, philosophie et psychothérapie, de nombreux essais, romans ou récits, best-sellers dans le monde entier, dont La méthode Schopenhauer, Le Bourreau de l'amour, Le Jardin d'Epicure, En plein coeur de la nuit, Le Problème Spinoza (Lauréat du Prix des lecteurs du Livre de Poche en 2014), ou encore Créatures d'un jour

Quatrième de couverture :

Amsterdam, février 1941. Le Reichsleiter Rosenberg, chargé de la confiscation des biens culturels juifs dans les territoires occupés, fait main basse  sur la bibliothèque Baruch Spinoza. Qui était donc ce philosophe, excommunié en 1656 par la communauté juive d'Amsterdam et banni par sa propre famille, pour, trois siècles après sa mort, exercer une telle fascination sur l'idéologue du parti nazi ?

Irvin Yalom, l'auteur de Et Nietzsche a pleuré, explore la vie intérieure de Spinoza, inventeur d'une éthique de la joie, qui influença des générations de penseurs. Il cherche aussi à comprendre Alfred Rosenberg qui joua un rôle décisif dans l'extermination des juifs d'Europe. 

"Le rythme soutenu du récit, la vivacité des dialogues, l'érudition d'Irvin Yalom, la plongée dans la société néerlandaise du XVIIème siècle et les grands bouleversements de l'Europe du XXème font de cet ouvrage un véritable régal." (Marie Auffret-Pericone, La Croix)

Extraits (Genèse du Problème Spinoza) :

"Spinoza m'a lontemps intrigué. Depuis des années je veux écrire sur ce courageux penseur du XVIIème siècle, si seul - sans famille, sans communauté -, auteur de livres qui ont véritablement changé le monde. Il a imaginé avant tout autre la sécularisation de la société, l'Etat démocratique en politique, l'avénement des sciences naturelles, et il a ouvert la voie aux Lumières. Qu'il ait été excommunié par les juifs à l'âge de vingt-trois ans et que son oeuvre ait été interdite par la censure pour le restant de sa vie par les chrétiens m'a toujours fasciné, peut-être en raison de mes propres penchants iconoclastes. Et cette étrange sensation de parenté s'est renforcée en découvrant qu'Enstein, l'un de mes premiers héros, était spinoziste. Quand Einstein parlait de Dieu, il parlait du Dieu de Spinoza - un Dieu qui est synonyme de Nature, un Dieu qui inclut toute substance, un Dieu enfin "qui ne joue pas aux dés avec l'univers"... (p.529)

"Incroyable !" Il y a là une histoire, pensai-je. "Mais pour quelle raison Rosenberg s'est-il intéressé à ces livres ? Je sais qu'ils ont une certaine valeur - des ouvrages du XVIIème siècle et plus anciens encore - mais pourquoi ne pas avoir tout simplement investi le Rijksmuseum et décroché un Rembrandt qui à lui seul vaut cinquante fois la bibliothèque tout entière ?

- Non, l'argent n'était pas le but. Il n'avait rien à voir dans ce cas. l'ERR  (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg) portait à Spinoza un intérêt qui reste mystérieux. Dans son rapport, l'officier sous les ordres de Rosenberg, le nazi qui a razzié la bibliothèque a écrit une phrase singulière à son sujet : "Elle comporte des ouvrages anciens d'une grande importance pour l'examen du problème Spinoza." Vous pouvez consulter le rapport sur la Toile, si vous le souhaitez, il fait partie des documents officiels de Nuremberg." (p.534)

Je restai abasourdi. "L'examen du problème Spinoza" ? Je ne comprends pas. Quel était le problème Spinoza pour les nazis ?..."

Mon avis sur le livre : 

Quel rapport peut-il bien y avoir entre Benedictus (Bento) Spinoza, le  philosophe de la raison et de la lutte contre les "passions tristes" (l'envie, l'ambition, la haine...) et Alfred Rosenberg, l'idéologue du Parti national-socialiste, auteur d'un ouvrage antisémite délirant et abscond, Le Mythe du XXème siècle, dédié au penseur raciste Houston Stewart Chamberlain, et qui figure au premier rang des ouvrages qui "constituent avec Mein Kampf les assises idéologiques du national socialisme." ?

Ce rapport, selon Irvin Yalom, c'est la fascination étrange qu'éprouvait Rosenberg pour l'oeuvre et la personne de Spinoza dont il alla jusqu'à s'emparer de la bibliothèque à Rijnsburg pour la transférer à Berlin.

Rosenberg s'étonne de l'admiration de Goethe, représentant vénéré de la haute pensée allemande, pour le représentant d'une "race" qu'il haïssait : pourquoi Goethe admirait-il à ce point Spinoza ? Pourquoi prétendait-il qu'il l'avait "guéri" ? Pourquoi ne se séparait-il jamais d'un exemplaire de l'Ethique de Spinoza ?

Nous savons peu de choses de la vie de Spinoza, alors que celle d'Alfred Rosenberg est connue dans ses moindres détails...

Irvin Yalom propose des réponses au "problème Spinoza", en suppléant par l'imagination romanesque aux inévitables lacunes d'une  impressionnante érudition et s'explique sur sa méthode à la fin du livre : "Genèse du Problème Spinoza". (p. 529 et suivantes)

 

 

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