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La beauté est le mystère suprême d'ici-bas.

"La beauté est le mystère suprême d'ici-bas." (Simone Weil)

"... And when he shall die, take him and cut him out in little stars and he will still make the face of heaven so fine that the world will be in love with light and pay no worship to the  garish sun." (William Shakespeare)

"Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change." (Mallarmé)

"My career is one of the few that started at the absolute top and then knocked its way down. That was lonely." (Bjorn Andersen)

"I am not the most beautifull boy in the world." 

"Je ne comprenais rien au rôle que je jouais."

"J'ai été réduit à une image. J'ai été dépossédé de moi-même. Je voudrais être ailleurs. Je voudrais être quelqu'un d'autre."

"Ce film a détruit ma vie."

Tristan

Quiconque a de ses yeux contemplé la beauté
est déjà livré à la mort,
n'est plus bon à servir sur terre,
et cependant il frémira devant la mort,
quiconque a de ses yeux contemplé la beauté.

A jamais durera pour lui le mal d'aimer,
car seul un insensé peut espérer sur terre
ressentir un tel amour et le satisfaire.
Celui que transperça la flèche de beauté,
à jamais durera pour lui le mal d'aimer!

Hélas, que ne peut-il tarir comme une source,
humer dans chaque souffle aérien un poison,
respirer la mort dans chaque pétale de fleur!
Quiconque a de ses yeux contemplé la beauté,
hélas, que ne peut-il tarir comme une source!

Graf August von Platen-Hallermünde (1796-1835)

von Platen ne parle par de celui qui incarna la beauté et dont le sort est bien plus tragique encore.

"Par une disposition éternelle de la Providence, tout ce qu'un homme produit en tout domaine quand l'esprit de justice et de vérité le maîtrise est revêtu de l'éclat de la beauté.

La beauté est le mystère suprême d'ici-bas. C'est un éclat qui sollicite l'attention, mais ne lui fournit aucun mobile pour durer. La beauté promet toujours et ne donne jamais rien ; elle suscite une faim mais il n'y a rien en elle de nourriture pour la partie de l'âme qui essaie ici-bas de se rassasier ; elle n'a de nourriture que pour la partie de l'âme qui regarde. Elle suscite le désir, et elle fait sentir clairement qu'il n'y a en elle rien à désirer, car on tient avant tout à ce que rien d'elle ne change. Si on ne cherche pas d'expédients pour sortir du tourment délicieux qu'elle inflige, le désir peu à peu se transforme en amour, et il se forme un germe de la faculté d'attention gratuite et pure.

Autant le malheur est hideux, autant l'expression vraie du malheur est souverainement belle. On peut donner comme exemples, même dans les siècles récents, Phèdre, L'Ecole des femmes, Lear, les poèmes de Villon, mais bien plus encore les tragédies d'Eschyle et Sophocle ; et bien plus encore l'Illiade, le Livre de Job, certains poèmes populaires ; et bien plus encore les récits de la Passion dans les Evangiles. L'éclat de la beauté est répandu sur le malheur par la lumière de l'esprit de justice et d'amour, qui seul permet à une pensée humaine de regarder et de reproduire le malheur tel qu'il est.

Toutes les fois aussi qu'un fragment de vérité inexprimable passe dans des mots qui, sans pouvoir contenir la vérité qui les a inspirés, ont avec elle une correspondance si parfaite par leur arrangement qu'ils fournissent un support à tout esprit désireux de la retrouver, toutes les fois qu'il en est ainsi, un éclat de beauté est répandu sur les mots.

Tout ce qui procède de l'amour pur est illuminé par l'éclat de la beauté.

La beauté est sensible, quoique très confusément et mélangée à beaucoup de fausses imitations, à l'intérieur de la cellule où toute pensée humaine est d'abord emprisonnée. La vérité et la justice à la langue coupée ne peuvent espérer aucun autre secours que le sien. Elle n'a pas non plus de langage ; elle ne parle pas ; elle ne dit rien. Mais elle a une voix pour appeler. Elle appelle et montre la justice et la vérité qui sont sans voix. Comme un chien aboie pour faire venir les gens auprès de son maître qui gît inanimé dans la neige.

Justice, vérité, beauté sont sœurs et alliées. Avec trois mots si beaux il n'est pas besoin d'en chercher d'autres."

(Simone Weil, La personne et le sacré, Londres, 1943, Editions Payot&Rivages, Paris, 2017, p.74-76)

 

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