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Introduction :

Le corpus de trois textes théâtraux qui nous est présenté et qui s’étend du milieu du XVIIème à la fin du XIXème siècle porte sur le thème de la rivalité amoureuse.

A la lecture de ces trois textes, nous pouvons nous demander comment s’exprime cette rivalité.

Nous répondrons à cette question en soulignant les éléments communs à ces trois textes, puis nous nous demanderons comment s’établit dans chacun d’eux la complicité avec le spectateur.

I. Les éléments communs aux trois textes :

a) La situation :

L’extrait du Dom Juan de Molière nous présente trois personnages : deux jeunes filles, Mathurine et Charlotte et un homme : Don Juan, qui les a toutes les deux séduites et  dont elles sont toutes les deux amoureuses.

L’extrait du Mariage de Figaro de Beaumarchais nous présente deux personnages « en évidence » : le comte et la comtesse et deux personnages « en retrait » : Suzanne, dont le comte est amoureux et Figaro, le fiancé de Suzanne.

A la faveur de l'obscurité, la comtesse et Suzanne ont échangé leurs rôles et le comte prend sa femme pour Suzanne.

L’extrait de Cyrano de Bergerac nous présente également un "triangle amoureux" : deux hommes, Cyrano et Christian, tous les deux amoureux de la même jeune fille, Roxane.

L'obscurité joue le même rôle que dans l'extrait du Mariage de Figaro car elle favorise le quiproquo : le comte ne reconnaît pas sa femme, Roxane ne voit pas Cyrano.

b) Le quiproquo :

Le "quiproquo" est un procédé fréquent au théâtre. L'étymologie en explique le sens. Le "quiproquo" vient de l'italien "qui pro quo" : prendre quelqu'un pour un autre.

Dans l’extrait du Don Juan de Molière, le quiproquo repose sur le fait que Don Juan a promis le mariage aux deux jeunes filles et que chacune d’elle se croit l’heureuse élue.

La scène du Mariage de Figaro se déroule à la tombée de la nuit, ce qui favorise le « quiproquo ». A la faveur (ou à la défaveur) de l’obscurité, le comte ne reconnaît pas sa femme et prend sa femme dont il est las pour Suzanne qu’il veut séduire.

Dans l’extrait de Cyrano de Bergerac, Roxane croit que Christian est seul sous son balcon et que ses paroles d’amour viennent de lui.

Le quiproquo est lié au thème de la "tromperie". Dans l'extrait de Dom Juan, les deux jeunes filles sont trompées par Don Juan, dans l'extrait du Mariage de Figaro, le comte est trompé par la comtesse et par Suzanne ; dans l'extrait de Cyrano de Bergerac, Roxane est trompée à la fois par Christian et par Cyrano.

c) La séduction :

Don Juan a déjà séduit Charlotte, mais s’efforce à présent de séduire Mathurine. Le comte s’efforce de séduire Suzanne qui a changé de rôle avec sa propre femme. Cyrano et Christian cherchent tous deux à séduire Roxane en usant de leurs atouts respectifs : Christian de sa beauté et Cyrano de son éloquence.

d) La rivalité :

Charlotte est jalouse de Mathurine et Figaro du comte. La comtesse aurait des raisons d’être jalouse de Suzanne, mais les deux femmes sont complices puisqu’elles ont échangé volontairement leurs rôles.

On retrouve cette situation de complicité dans l’extrait de Cyrano de Bergerac. Cyrano souffle à Christian les mots d'amour adressés à Roxane, mais Cyrano ne peut s’empêcher de ressentir de la souffrance et de la jalousie quand Roxane invite Christian à la rejoindre dans sa chambre.

II. L’effet produit sur le spectateur :

Ces trois extraits établissent une complicité avec le spectateur grâce au procédé théâtral de la « double énonciation », c’est-à-dire au fait que les paroles prononcées par les personnages sont destinées à un autre personnage et en même temps aux spectateurs, bien qu'elles ne leur soient pas directement adressées.

Le spectateur a donc des informations dont les personnages ne disposent pas. Il sait que Don Juan a déjà promis le mariage à Mathurine ; il sait que la comtesse et Suzanne se font passer l’une pour l’autre. Il sait enfin que Cyrano est sous le balcon de Roxane et parle à la place de Christian.

La procédé de la double énonciation permet au dramaturge d’établir à chaque fois une complicité avec le spectateur qui  a l'agréable sentiment de dominer le schéma actanciel (les relations entre les personnages) sur l’axe du savoir.

Il sourit des efforts de Charlotte pour connaître la vérité et de ceux de Don Juan pour la lui cacher ; il s’amuse aux dépens du comte qui ignore qu’il est en train de courtiser sa propre femme. Il s'intéresse également, mais non sans ressentir de la  compassion pour Cyrano, à une situation dans laquelle deux rivaux conjuguent leurs efforts pour séduire la même femme.

Conclusion :

Les traits communs à ces trois textes sont donc la situation de « triangle amoureux », la figure éminemment théâtrale du « quiproquo », le thème de la séduction et celui de la jalousie qui découle de la rivalité amoureuse entre les personnages.

La complicité s’établit par le biais de la « double énonciation » et repose sur le fait que le spectateur partage le savoir du dramaturge  car il en sait à chaque fois  davantage que tel ou tel personnage.

 

 

 

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