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 Les catholiques traditionalistes reviennent  dans l’actualité. On se souvient de la rencontre du 29 août 2005 entre le pape Benoît XVI et Mgr. Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie X fondée par Mgr. Lefebvre et, plus récemment, de la fondation par Rome de l’institut du Bon Pasteur.

 

Pourquoi le pape  désire-t-il faire rentrer les traditionalistes dans l’Eglise grâce à des « accords » ? Les traditionalistes sont-ils disposés à signer de tels accords et sous quelles conditions ?

 

Les éditions Entrelacs proposent sur ce sujet un ouvrage sous forme de dialogue entre le journaliste Olivier Pichon et l’abbé Grégoire Celier, membre historique de la communauté Saint-Pie X, directeur de la principale maison d’édition catholique « traditionaliste » française, les éditions Clovis, ainsi que de  la revue de la Fraternité Saint-Pie X, Fideliter.

 

L’évocation des parcours respectifs des deux interlocuteurs n’est pas la partie la moins intéressante de ce livre, notamment du traumatisme suscité  par les événements de mai 68 et par la crise de civilisation que ces événements ont symbolisé.

 

Le journalistique n’a pas hésité à poser à l’abbé toutes les questions et objections qui sont celles du grand public Qui sont les traditionalistes ? D’où viennent-ils ? Que veulent-ils ?

 

On  découvre des jugements sur l’Eglise de Pie XII, sur le concile Vatican II, sur la façon d’aborder ce concile et de le considérer, notamment en rapport avec le discours de Benoît XVI du 2 décembre 2006, sur l’avenir de l’Eglise, la personnalité de Mgr Lefebvre, sur les rapports avec Rome, sur la personnalité du pape Benoît XVI, sur les évêques de France, sur  la place de la Fraternité Saint-Pie X dans l’Eglise, sur la question de la messe en latin et de l’évolution de la liturgie, sur la récente fondation de l’institut du Bon Pasteur et sur les diverses solutions envisageables pour une réconciliation entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X.

 

« Un jour, affirme l’abbé Celier, la réconciliation se fera, et nous serons tous réunis dans une Eglise qui aura pleinement retrouvé sa splendeur apostolique et missionnaire enracinée dans sa tradition. Je crois sincèrement que ce jour est moins éloigné qu’il ne paraît. Tel est mon espérance. »

 

Toutefois, si une réintégration des traditionalistes dans l’Eglise et une levée des excommunications paraissent souhaitables, si l’on peut admettre la messe en latin, souhaiter la réhabilitation du chant grégorien et plus de beauté dans les célébrations liturgiques,  la lecture de ce livre suscite bien  des interrogations, voire des inquiétudes quant aux conditions que les traditionalistes pourraient poser et à leurs « arrière-pensées » : suspicion envers le concile Vatican II, qualifié de « concile essentiellement pastoral et non doctrinal », refus de la collégialité épiscopale et de l’oecuménisme, restriction du dialogue interreligieux, contestation de la notion de « liberté religieuse » et retour à la notion préconciliaire de « tolérance », rétablissement de la prière du Vendredi Saint pour les « Juifs perfides » et critique de certaines démarches hautement symboliques de Jean-Paul II comme la prière interreligieuse pour la paix à Assise, la visite à la synagogue de Rome, la demande de pardon pour les souffrances infligées au  peuple juif au mur des Lamentations à Jérusalem et tout ce qui, de près ou de loin s’apparente à une démarche de purification de la mémoire de l’Eglise.

 

Reste que « ce dialogue parfois brutal, sans concession ni langue de bois » a au moins le mérite de nous renseigner enfin  sur les positions réelles de la mouvance traditionaliste.

 

 

Olivier Pichon et l’abbé Grégoire Celier : Benoît XVI et les traditionalistes, aux éditions Entrelacs, 249 pages, 15 euros.

 

 

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